Ce couple m’a donné bien du mal pour remonter leur ascendance que j’ai réussi à débloquer grâce à l’aide précieuse d’Arlette BROSSARD, du Forum Généalogie-Paris. J’ai centré cet article sur Rose Marguerite POURCIN, car je voulais l’écrire dans le cadre de #Geneasaint : 7 mai : Sainte Rose, comme nous y invitait Christiane. Jean Claude VIALAT est bien présent mais devra attendre un autre article pour que je raconte son enfance.
Son enfance
Rose Marguerite POURCIN est baptisée le 25 septembre 1776 en l’église Saint-Sauveur de Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence qui s’appellent les Basses-Alpes, en 1790, à la création des départements. Son père François POURCIN, fils de Joseph et de Marguerite ARNAUD est blanchier*. Sa mère, Jeanne Marie (Chrispine) BUISSON est la fille de François et de Jeanne ARNAUD. Son grand-père maternel et sa grand-mère paternelle la portent sur les fonts baptismaux. L’annonce de sa naissance a sans doute hâté le mariage de ses parents qui ont convolé en justes noces, le 15 juillet de la même année.

Elle est l’aînée des neuf enfants du couple. Jean-Louis, son frère puîné, naît en 1778 mais il meurt à 16 ans. Puis vient Joseph en 1781 qui se mariera en 1812. Pour les naissances suivantes, la famille a quitté Manosque pour Forcalquier. Son père est alors dit marchand tanneur*. Ils habitent sans doute au quartier des Chalus où décède Jean-Louis.

Au XI siècle, les comtes de Forcalquier font de cette ville la capitale d’un comté qui s’étend des sources de la Durance aux portes de Cavaillon. Ce siècle est l’âge d’or du Pays de Forcalquier, comme en témoignent les nombreux édifices romans de la région dont la grande église Notre-Dame. Les 3 premiers baptêmes y ont lieu. Après je ne sais puisqu’après la Révolution, les actes sont inscrits dans les registres de l’état civil.

Marie, naît en 1783 et je perds ensuite la trace.
Madeleine, vient au monde en 1786 et se marie en 1809.
Antoine, est née en 1788 mais décède à 4 ans.
Jean François, naît en 1790 et on le retrouve soldat de l’armée napoléonnienne le 18 juin 1809. Sa fiche matricule précise « qu’il était à l’arrière lors de la retraite de Moscou en 1812. » J’ignore ce qu’il devient ensuite.
Jeanne, est née en 1797 et se marie en 1817.
Marie, naît en 1803 mais meure à 10 ans à Pierrerue
Sa vie de couple
Quant à Rose Marguerite, je n’ai pas réussi à trouver son mariage avec Jean-Claude VIALAT, malgré mes recherches dans les communes autour de Forcalquier où je les découvre le 14 mars 1805 à la naissance de leur fille Marie Jeanne née « de Jean Claude VIALLAT menuisier de la Commune de Passavant département de la Haute Saonne domicilié en cette ville de Forcalquier et de Rose Marguerite POURCIN mariés. »

Bien que cela eut été étonnant qu’ils se soient mariés à Passavant-la-Rochère, commune d’origine de Jean Claude VIALAT, j’y ai néanmoins cherché également en vain leur mariage.
Le 22 janvier 1807, toujours à Forcalquier, Jeanne Angélique, mon ancêtre, voit le jour. « Jean Claude VIALAT déclare l’enfant dont a accouché Rose Marguerite POURCIN son épouse. » Et le deux janvier 1810, le couple donne naissance à Jean Baptiste Clair.
Arrivée à Paris
En 1814, la vitesse moyenne d’une diligence est de 4.3 km/h. Il leur a donc fallu environ sept jours pour faire les 750 km qui séparent Forcalquier de Paris. Qu’est-ce qui les a décidés à entreprendre ce voyage et quand sont-ils arrivés ? Ils ne sont pas cités lors des mariages du frère et des sœurs de Rose Marguerite. Etaient-ils déjà montés à Paris où je les retrouve pour la naissance de leur fille Jeanne Rose, le 11 avril 1814 ? L’état civil reconstitué ne précise pas dans quel arrondissement a eu lieu la naissance. Et ce n’est que le 22 mai 1815 qu’elle est baptisée en l’église Saint-Nicolas-du-Chardonneret. L’acte nous apprend que son père est toujours menuisier. La famille habite 37 rue Saint-Jacques. Le parrain est employé de l’église et la marraine est Jeanne VIALAT veuve DANJOU, marchande demeurant au 2 rue des Poirées. Sur le « Nouveau plan de Paris, ses faubourgs et ses environs » de 1767 (BNF, département Cartes et plans, GE C-2443), on voit cette petite rue, en angle qui donne sur la rue Saint-Jacques.

J’ai été très longtemps bloquée sur l’ascendance de Jean Claude VIALAT et la mention de la marraine de Jeanne Rose a été un précieux indice pour remonter. Jeanne est une sœur aînée de Jean Claude. il est fort probable que la venue du couple à Paris ait été motivée par sa présence. Son époux, Jean Jacques DANJOU était imprimeur. Cela a pu orienter les futurs métiers des fils et gendres VIALAT.
Après Jeanne Rose, ils auront un dernier enfant, Hippolyte Marie qui naît le 18 juin 1818 au 7 rue Descartes, toujours dans l’ancien 12e arrondissement, où la famille a donc déménagé. Ensuite, je ne sais rien d’eux avant le 28 mai 1827 où ils assistent au mariage de leur fille Jeanne Angélique avec Pierre Henri KRABBE, compositeur, mes ancêtres, en l’église Saint-Etienne-du-Mont. Le mariage civil avait eu lieu le 26 mai à la Mairie de l’ancien 12e arrondissement. Les deux futurs époux habitent au 9 rue Descartes (rue Bordet jusqu’en 1809 mais ce nom a perduré quelques années). On peut voir cette rue sur le « Plan parcellaire du Cadastre de Paris par ilôt » (1810-1836). Les numéros 7 et 9 sont depuis inclus dans l’Ecole Polytechnique qui s’était étendue sur les anciens collège de Navarre, de Boncourt et de Tournai. Le 25 septembre 1828, leur fille aînée, Marie Jeanne épouse Louis Victor Julien GIROUX, typographe.

Coup de théâtre à Bordeaux
Puis un jour, je découvre que mes deux tourtereaux se sont mariés à Bordeaux… le 1er avril 1830 ! Et ce n’est pas une blague, j’ai bien trouvé leur acte de mariage.

Il est précisé dans l’acte que l’époux est maître de ses droits n’ayant aucun ascendants vivants et que l’épouse agit « du consentement de ses père et mère ici représentés par le sieur Vincent LION, ébéniste à Bordeaux y demeurant rue Couturier N°12, en vertu de la procuration à lui donnée à cet effet, laquelle a été annexée au dossier du présent mariage. » J’aurai bien aimé avoir accès à cette procuration qui m’intrigue d’autant plus que je viens de découvrir que Jeanne Marie BUISSON, la mère de Rose Marguerite, est décédée à Pierrerue le 21 mars 1817 ! Je n’ai pas trouvé le décès de son père mais celui-ci était encore vivant au décès de sa femme. Les époux ignoraient-ils ce décès ? De plus, Vincent LION étant un natif de Marseille habitant à Bordeaux, on se demande quel lien il avait avec les parents, comment la procuration est arrivée à Bordeaux et si celle-ci était donc bien « officielle »… Cet acte me permet de découvrir que Rose Marguerite déclare ne savoir signer.
Pour moi ce mariage a été un trésor, la preuve qui me manquait pour remonter avec certitude, l’ascendance de Rose Marguerite dans les Alpes-de-Haute-Provence et celle de Jean Claude dans la Haute-Saône. Mais il reste bel et bien une énigme… Je m’étais étonnée qu’à Forcalquier comme à Paris, ils aient pu déclarer leurs enfants comme étant légitimes, ce qui n’étaient donc pas le cas. Mais Arlette m’a expliqué que les actes de naissance et de décès étaient alors purement déclaratifs contrairement aux mariages. Il n’était généralement pas demandé de preuve du mariage et pour les baptêmes, les curés se basaient probablement sur les certificats de l’état civil.
Pourquoi ce mariage tardif ? Une occasion de fêter leur 25 ans de vie commune ou peut-être pour qu’ils puissent hériter l’un de l’autre à leur décès ? Et pourquoi à Bordeaux ? Habitaient-ils à cette adresse, juste pour l’occasion, un voyage de noces avant le mariage en quelque sorte ? Ou bien y ont-ils vécu quelques temps ?
Je me suis aussi demandé si leur rencontre à Manosque, était fortuite. À Paris, j’ai trouvé un manosquin, Nicolas Joseph POURCIN, prêtre, décédé à Paris en 1819. Jean Claude a pu monter à Paris pour rejoindre sa sœur et y rencontrer ce prêtre qui lui aurait parlé d’une fille à marier dans sa parentèle. Je n’ai pour l’instant pas trouvé de lien entre lui et Rose Marguerite mais je ne connais que les parents du prêtre. Mais si jamais, c’était lui qui avait favorisé la rencontre, j’imagine qu’ils n’auraient pas pu ne pas se marier à l’église. Mais après tout, peut-être l’ont-ils fait mais ne sont pas passés devant monsieur le maire. Bon, j’arrête de fabuler et les laisse à leurs secrets…
Retour à Paris
Toujours est-il que peu après leur mariage à Bordeaux, ils sont bien à Paris le 13 octobre 1831 pour le mariage de leur fille Jeanne Rose avec Louis Henry JADOR, compositeur d’imprimerie. Ils habitent alors au 47 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève où ils demeuraient déjà en 1828, de même que Pierre Henri KRABBE qui est l’un des témoins.

Cette adresse est celle de l’ancien Collège de Hubant appelé aussi Collège de l’Ave Maria. Il fut fondé en 1339 par Jean de HUBANT, président de la Chambre des Enquêtes. Pour cela, il fit l’acquisition de plusieurs maisons rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Ce collège avait vocation à accueillir six écoliers pauvres, de huit à seize ans, venus de Hubant, dans le Nivernais. Ils avaient le gîte et le couvert sous la surveillance d’un chapelain et d’un maître d’études. En échange, les jeunes devaient participer aux service funéraires, faire des distributions de bois de chauffages, de vivres et d’habits aux pauvres. Le livre des statuts où figurent tous les devoirs des enfants et qui s’ouvre par une série de trente-trois petites miniatures, accompagnées de légendes en français a été conservé.Le collège connaîtra par la suite des difficultés financières. Puis en 1763, tous les collèges rattachés à l’université de Paris sont réunis au collège Louis-le-Grand. Les bâtiments furent vendus comme propriété de l’État en 1810.
Leur fin de vie
Ils sont présents et consentants au mariage de leur fils Hippolyte avec Anne LAMARQUE, à Lagny-sur-Marne le 15 janvier 1848. J’ai eu beaucoup de mal à trouver leurs décès, après cette date. Je savais juste que Jean Claude mais pas Rose Marguerite, était encore en vie le 20 mai 1852. Dans un dossier de recours en grâce, leur gendre Pierre Henri KRABBE, mentionne qu’il a à sa charge son père de 80 ans. Mais celui-ci étant décédé en 1812, il devait s’agir de son beau-père qui avait alors 76 ans. Vivait-il avec eux au 12 rue de Savoie, dans l’ancien 11e arrondissement ou toujours chez lui dans le 12e ? J’ai consulté les Tables des décès et des successions du 5ème bureau de 1846 à 1863, sans y trouver de POURCIN et je n’ai vu qu’un seul VIALAT.
Ce décès-là, je l’avais déjà découvert auparavant dans l’état civil reconstitué de Paris et il m’avait beaucoup interpellée : « L’an mil huit cent cinquante huit le neuf juillet est décédé à Paris rue des Fosssés Saint Victor N° 39 au douzième arrondissement Jean Baptiste VIALAT, âgé de quatre vingt dix ans, né à Pasavent (Haute Saône), veuf de Marie POURCIN. » Certes ce défunt a 10 ans de plus, son prénom et celui de sa femme sont différents mais, cette naissance à Passavant, cette veuve POURCIN et cette adresse, proche de la rue Descartes, cela fait quand même beaucoup de coïncidences ! De plus son inhumation a eu lieu à Saint-Etienne-du-Mont, le 11 juillet 1858 et là il est prénommé Jean Baptiste Claude… Et maintenant, il n’y a plus de doutes car Arlette vient de découvrir, dans l’Annuaire des libraires de 1860, que Pierrre Henri KRABBE demeure, en 1857, au 39 rue des Fossés Saint-Victor ! Jean Claude VIALAT est donc bien décédé, chez son gendre et sa fille, le 9 juillet 1858.
Quant à Rose Marguerite POURCIN, Arlette a déniché son décès à Montrouge, le 16 avril 1851,au 22 rue du Pot-au-Lait. Les témoins sont ses gendres, Louis Henri JADOR et Pierre Henri KRABBE. Rose Marguerite et Jean Claude sont dits rentiers. Le couple vivait donc alors en banlieue, dans la partie de Montrouge qui a été annexée par Paris en 1860. La rue du Pot au Lait est l’actuelle avenue de la Porte de Montrouge, dans le 14e arrondissement, quartier Petit Montrouge.

On pourrait donc penser qu’il y a eu un inventaire des biens et/ou un partage de la succession. Pourtant dans la Table des décès et des successions (mars 1846-1860), le décès de Jean Claude figure bien mais il n’y a pas de succession déclarée. Il n’y a donc sûrement pas eu d’inventaire après son décès. Y en a-t-il eu un après celui de Rose Marguerite ? Malheureusement les Tables des successions et absences de Sceaux, bureau dont dépend Montrouge, sont lacunaires. Mais s’il y a eu une succession, les enfants ont dû avoir des problème pour la toucher car leur légitimité aura alors été vérifiée. Leurs parents s’étant mariés après leurs naissances, ils n’étaient pas légitimes.
À défaut d’avoir des informations sur leurs effets et leur cadre de vie intérieur, je peux au moins, bien situer cette petite zone au cœur du quartier latin, dans laquelle ils ont passé la plus grande partie de leur vie parisienne.

Infos complémentaires :
* Blanchier, tanneur, chamoiseur… sont des métiers du travail du cuir de plusieurs de mes ancêtres ou de leurs collatéraux sur Manosque et Forcalquier et j’en reparlerai plus tard.
Le collège de Hubant :
- Pour découvrir les superbes miniatures du livre des statuts du collège de Hubant https://mediatheque-numerique.inp.fr/rencontres-debats/tresors-patrimoine-ecrit/norme-limage-statuts-illustres-college-lave-maria
- « La bibliothèque du collège de Hubant dit de l’Ave Maria à Paris » par Elisabeth Pellegrin https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1948_num_107_1_449389
- La photo des N° 45-51 de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève par Atget https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/college-de-l-ave-maria-ancien-imprimerie-des-ecoles-45-et-51-rue-de-la#infos-principales
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