C comme… Cloîtres Saint-Thomas et Saint-Nicolas-du-Louvre

J’ai choisi de présenter, dans un même article ces deux cloîtres qui sont voisins, ont une histoire liée, comme les familles de mes ancêtres qui y ont habité.

Au fil du temps

L’église Saint-Thomas-du-Louvre est une ancienne collégiale, fondée, en 1189, sur la Rive droite de la Seine à proximité du Louvre et du port Saint-Nicolas, pour quatre chanoines par Robert, comte de Dreux, fils de Louis VI, sous l’invocation de Saint-Thomas de Canterbury.

En même temps, il établit, en face, un collège pour les pauvres écoliers boursiers. Après un conflit entre le chapitre de Saint-Thomas et le proviseur du collège, les biens du comte de Dreux sont séparés entre les deux établissements. En 1217, le pape autorise le collège à établir une chapelle et un cimetière. La chapelle est dédiée à Saint-Nicolas, l’évêque de Myre, saint patron de nombreux écoliers. Avec le développement de l’Université, de l’autre côté de la Seine, le collège périclita. Au XVIe siècle, il fut supprimé et remplacé par un chapitre de 15 chanoines. Celui-ci est réuni en 1744 à celui de l’église Saint-Thomas-du-Louvre pour former le chapitre de l’église Saint-Louis-du-Louvre, construite à l’emplacement de l’église Saint-Thomas qui est détruite, après l’effondrement de son clocher. L’église Saint-Nicolas est alors abandonnée et démolie peu avant la révolution. L’église Saint-Louis-du-Louvre est démolie en 1811, sauf certaines parties qui disparaissent en 1850.

Les maisons autour de ces deux églises forment les Cloîtres Saint-Thomas et Saint-Nicolas du Louvre que l’on voit sur cet extrait du Plan de Turgot. L’église Saint-Thomas est au premier plan et celle de Saint-Nicolas, plus grande, à l’arrière.

Mes ancêtres qui y demeurèrent

Cloître Saint-Thomas-du-Louvre

Simon MOREL et Antoinette HENNICLE, sont tous deux originaires de l’Oise. Mais je n’ai pas encore retrouvé leurs actes de naissance. Leur contrat de mariage a lieu, à Paris, le 23 juillet 1656. Simon, marchand marinier, voiturier par eau est fils de défunt Jean, même métier et de Sébastienne PICQUERON, demeurant à Prinprez et Antoinette, fille de Antoine, pareillement marchand marinier, voiturier par eau et de Geneviève de SACY, demeurant à La Croix-saint-Ouen. Mais il est précisé que les deux familles sont présentement « sur leurs bateaux, flottant devant le quai de l’Escolle, paroisse St Germain l’Auxerrois. » Pas de surprise, les trois témoins, frère ou beau-frère, ont la même profession !

Signatures de Jean et Simon MOREL, père et fils. L’épouse et les mères ne signent pas.

Ils ont eu douze enfants, mais trois sont morts en bas âge. Ceux dont j’ai pu trouver les actes de naissance sont nés dans l’Oise, à Pont-Sainte-Maxence ou à Saint-Leu-d’Esserent. Seul Florent a été baptisé, le 13 octobre 1672, en l’Eglise Sainte-Marie-Madeleine de la Ville Levesque, Faubourg Saint-Honoré. Mais d’autres après lui, sont nés ou décédés, jeunes, dans l’Oise.

Je ne sais pas quand ils se sont fixés à Paris, mais le 7 juillet 1689, ils marient, le même jour, deux de leurs filles, Jeanne et Antoinette qui épousent deux frères, Nicolas et Philippe LEROUX, fils de Nicolas, marchand marinier, voiturier par eau, comme son fils Nicolas, et de Marguerite PARVILLIE. Simon MOREL est dit « l’un des entrepreneurs de la fourniture des pierres de Saint-Leu pour les bastiments du Roy » de même que son futur gendre, Philippe qui est veuf d’Anne TARTANSON dont il avait deux fils Jean et Anne. Et les deux familles demeurent Cloître Saint-Thomas-du-Louvre.

Sont-ils restés longtemps à cette adresse ? Antoinette décède le 3 mars 1693 mais je ne sais où et Simon décède le 26 août 1713 où il demeurait alors, rue Saint-Honoré.

Cloître Saint-Nicolas-du-Louvre

Quelques pas plus loin, faisons connaissance avec l’un de leur fils, mon ancêtre, Mathieu Simon MOREL, marchand, bourgeois de Paris, qui contracte mariage, le 6 juin 1694, avec Marie LEMATTE, fille unique de Antoine LEMATTE, marchand de bois et de Marguerite BOURGEOIS. Et cette fois encore, les deux époux et les parents de l’épouse habitent à la même adresse, Cloître Saint-Nicolas-du-Louvre. Celle du père de l’époux n’est pas précisée et il est dit, comme son fils, bourgeois de Paris.

Malheureusement, Mathieu Simon ne les verra pas grandir, il quitte la vie, bien jeune, à l’automne 1706, comme fait foi son inventaire après décès du 13 novembre. J’imagine que le couple partage la maison des parents de Marie, car tous leurs biens sont dans une seule pièce, une chambre ayant vue sur le cloître. Ils ont deux enfants, Mathieu Simon, âgé de 12 ans, donc né très vite après le mariage de ses parents et Geneviève dont je descends, âgée de 6 ans.

Marie épouse en seconde noces, le 9 septembre 1708, Louis FAUCQUET, commis à la douane, fils de Louis, concierge de l’Hôtel des Fermes du Roi où ils demeurent et de Marie de VAMBE. Ils ont très vite des enfants, Louis, naît vers 1711, Marie Magdeleine et Catherine Marguerite qui doivent être jumelles car nées toutes les deux, autour de 1713 et Nicolas Antoine qui voit le jour vers 1714. Le couple n’a pas quitté le Cloître-Saint-Nicolas.

Mais survient une dramatique année… Marie décède, à son tour, le 27 mars 1715. L’inventaire après décès nous apprend que la maison dans laquelle a lieu l’inventaire appartient au Chanoine de l’Église Saint-Nicolas-du-Louvre. Le couple y occupe une chambre servant de cuisine, ayant vue sur la rue Froidmanteau, deux chambres ayant vue sur le cloître ainsi que le cabinet du mari. Et la bien triste série continue, Catherine Marguerite, meurt le 30 avril 1715, âgée de deux ans et le 6 décembre 1715, c’est le petit dernier, Nicolas Antoine qui perd la vie, « âgé de vingt-deux mois, rue Tire-Boudin, chez LERIC, « maître cordonnier, son nourissier ».

Suite au décès de Marie, Louis FAUCQUET a quitté le Cloître Saint-Nicolas. Le 3 mai 1716, sur la tutelle de Mathieu Simon MOREL dont il était tuteur conjointement avec Marie LEMATTE, il est dit demeurer rue Saint-Honoré. Lors de cet acte, « il rend compte de ce qui revient aux dits mineurs de la succession de leur père […] et « remet ces biens entre les mains d’Antoine LEMATTE et Marguerite BOURGEOIS, ayeuls maternels des mineurs qui acceptent de les prendre en charge jusqu’à ce qu’il en ait été trouvé un remploy certain. »

Ils sont toujours présents auprès de leurs petits-enfants, ces grands-parents que j’ai souvent croisés et auxquels je me suis attachée. On les retrouvera bientôt mais ils auront aussi droit plus tard à un article rien que pour eux.

Par contre je ne sais ce que deviennent les deux aînés de Louis FAUCQUET et Marie LEMATTE, âgés de quatre et deux ans, au décès de leur mère. Je n’ai pas trouvé de tutelle les concernant. Vivent-ils avec leur père pour lequel, je n’ai pas trouvé de remariage ou ont-ils été mis en nourrice ? Ou bien sont-ils restés avec leur frère et sœur utérins, chez leurs grands-parents ? Ils ont atteint l’âge adulte car je les retrouverai beaucoup plus tard, à leurs mariages.

Ils avaient pour voisins, d’autres enfants de Simon MOREL et Antoinette HENNICLE. Je vous ai déjà présenté rue de l’Arbre-Sec, Jean MINGUET qui épouse Geneviève MOREL, en 1708. Et bien l’épouse, est leur fille, dite majeure et jouissant de ses droits, et elle habite Cloître Saint-Nicolas-du Louvre, mais il n’est pas précisé que c’est chez son père qui doit déjà avoir rejoint la rue Saint-Honoré où il décédera. Le couple s’installe au Cloître où naîtront leurs deux garçons, Jean, en 1710 et Charles, en 1714. Leur père y meurt le premier, en 1734, selon son inventaire après décès du 15 octobre 1734. Il est alors huissier ordinaire du Roi en son grand Conseil. Charles, célibataire, avocat au Parlement, le suit dans sa tombe, le 5 décembre 1738, âgé d’environ 24 ans. Jean, son frère, Capitaine général des Fermes du Roi, marié avec Françoise Marthe CARBILLET, ne lui survit guère et s’éteint, âgé de 30 ans, en son domicile, rue Clos Gorgeot, Paroisse Saint-Roch. Geneviève MOREL se retrouve donc veuve et sans enfant, elle ne bougera pas du Cloître où elle rédige son testament qui est insinué le 20 juillet 1747.

Le 25 octobre 1730, y demeure aussi Florent MOREL, leur fils, né à Paris, célibataire, marchand marinier, voiturier par eau, témoin au conseil de famille pour son petit-neveu, Edmé Mathieu MOREL et il y restera jusqu’au 15 novembre 1737 où il quitte ce monde.

Cela fait vraiment beaucoup de décès de jeunes adultes et d’enfants, en ces lieux. Au moins ceux qui sont restés auront pu être entourés par leurs nombreux proches.

3 réflexions sur “C comme… Cloîtres Saint-Thomas et Saint-Nicolas-du-Louvre

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