Au fil du temps
Elle s’étend sur près de 3 km, de la place de la Concorde, dans le 8e arrondissement à la rue de Sévigné, dans le 4e en traversant le 1er arrondissement. La partie occidentale de la rue (qui correspond à peu près à la partie aux arcades) a été percée sous le premier Empire, de 1800 à 1835, entre les rues Saint-Florentin et de Rohan. Les immeubles qui la bordèrent le long de son côté nord furent construits d’après les plans de Percier et de Lafontaine. Il fut alors précisé qu’ils ne pourraient être occupés ni par des artisans, ni par des ouvriers travaillant au marteau, ni par des commerces d’alimentation, ni par des commerces nécessitant l’usage d’un four et que leurs façades uniformes et à arcades, ne devraient pas porter de pancartes écriteaux ou enseignes. Pour favoriser ces constructions, un autre décret, pris en 1811, exempta pendant trente ans de tout impôt foncier les propriétaires de ces immeubles.

L’ouverture de la partie centrale et orientale, située à l’est de la rue de Rohan, eut lieu lors des travaux du baron Haussmann afin de la connecter à la rue Saint-Antoine et de créer ainsi un grand axe est-ouest dans le centre de Paris. Elle commença, en 1849, lors du dégagement des abords du Louvre et de la formation de la place du Palais Royal et se continua jusqu’à la rue de Sévigné, laquelle ne fut atteinte qu’en 1856. L’ouverture de cette seconde partie amputa un grand nombre de vieilles rues, comme la rue de l’Arbre-Sec et en fit disparaître de nombreuses autres, comme la rue des Ecrivains.

Mes ancêtres qui y demeurèrent
Mon ancêtre qui a habité dans cette rue est originaire d’une famille du Var, de Hyères pour les plus anciens puis d’Ollioules. Au XIXème siècle, une partie à Paris. C’est une grande famille qui vit beaucoup en « tribu ». Mon ancêtre, Antoine Théodore LAMBOI est né le 8 janvier 1822, fils de Jean Baptiste et de Marie Françoise BERNARD. Son père est propriétaire cultivateur puis comme, je viens de le découvrir sur le recensement de 1851, à la fin de sa vie, il est négociant en fruits secs. Il vit alors au 36 route Nationale, à Ollioules avec sa troisième épouse et leurs trois enfants mais aussi avec les familles de deux de ses filles, Victoire Antoinette qui a épousé, en 1845, Joseph Placide SUZAN, également négociant en fruits secs et Baptistine Thérèse Léonie qui s’est marié, en 1850, avec Salvien Fortuné Louis JEANSOLEN, capitaine au long cours. Pendant ce temps là, ses trois fils vont monter à Paris pour faire du négoce.

C’est l’aîné, Marc Jean Baptiste, qui ouvre la voie. Il se marie à Paris, âgé de vingt cinq ans, le 5 janvier 1843, avec Louise Emilie Pierrette DUPRE, fille de Alexis Félix et Adélaïde Marie Etiennette MESLE, rencontrés rue des Francs Bourgeois. Il demeure alors au 6 Cloître Saint-Merri et est négociant. Avant d’en prendre le chemin, Joseph Henry épouse à Camps-sur-Artuby, dans le Var, Delphine Félicité LIONS, fille de notaire, lui aussi est négociant. Le couple s’installe assez rapidement à Paris où Delphine décède en 1846, au 6 Cloître Saint-Merri. Les deux frères habitent donc à la même adresse.
Antoine Théodore les rejoint à Paris où il épouse, le 22 août 1848, Angéline louise Léa DUPRE, sœur de Louise. Il a vingt six ans et elle en a dix-huit. Antoine est aussi négociant et demeure… 6 Cloître Saint-Merri ! Mais c’est à Ollioules que naît leur premier enfant, une petite Marie, le 14 août 1849 qui hélas décédera le jour même. Ils ne vont pas tarder à s’installer à Paris où voit le jour, Jean Baptiste Etienne, le 27 février 1851, 4 Cloître Saint-Merri. Les témoins sont Marc Jean Baptiste, habitant à la même adresse et son grand-père Alexis Félix DUPRE. Les trois naissances suivantes auront également lieu dans cette maison.


Le Cloître Saint-Merri, écrit aussi Saint-Merry, où habitaient les trois frères LAMBOI et leurs familles, sont des maisons anciennes, accolées à l’église. Elles ont été démolies en 1950.
Il y a aussi une rue du Cloître Saint-Merri qui existe toujours, mais dans les différents actes il est bien mentionné uniquement « Cloître Saint-Merri ».

Mais quand vient au monde Joseph Emile Jules, le 10 décembre 1857, ils ont déménagé et sont au 80 rue de Rivoli. Le standing de la famille a changé.
C’est cette année là, que Antoine Théodore devient courtier de marchandises. Joseph Henry l’était déjà depuis 1851.

« Les courtiers sont nommés par l’Empereur sur la présentation du Ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics. Ils sont exclusivement chargés de constater d’une manière légale les opérations de vente et d’achat de marchandises entre négociants. Ils remettent aux commerçants qui les ont employés un bordereau des opérations qu’ils ont faites d’ordre et pour leur compte respectif ; ils constatent à la fin de la Bourse, le cours légal des marchandises ; une section présidé par le syndic est chargé de cette opération. Les courtiers de marchandises sont au nombre de soixante et les courtiers d’assurance au nombre de dix. » Ce texte est extrait de l’Almanach impérial de 1861. Il parait tous les ans et cite la liste des courtiers en titre. Tout ça est bien complexe pour moi et il va falloir que je me plonge dans les nombreux articles où il est question de lui avant de saisir quelle a été réellement son parcours car en même temps, il a l’air d’être lui-même négociant.
Je ne sais pas combien de temps, il est resté dans ce bel immeuble de la rue de Rivoli ni si ces frères ont habité aussi à proximité. Mais il n’y était plus, le 12 avril 1862, quand son plus jeune fils, Alfred Paul, voit le jour au 3 rue Guichard, dans le 16e arrondissement.
Je n’ai pas d’autres ancêtre dans cette rue pourtant longue, mais il est vrai récente, mais j’y ai des souvenirs de ma petite enfance, quand j’habitais rue de l’Arbre-Sec. C’est au 140 rue de Rivoli que se trouvait l’imprimerie MAULDE et RENOU dans laquelle mon père a travaillé de 1925 à 1976. Elle s’est installée là, en 1854, après le percement de la rue. A côté il y avait les Affiches Parisiennes qui avaient été fondées par Charles Adolphe MAULDE quelques année avant l’imprimerie qu’il a créée avec Théophile RENOU, prote d’imprimerie avec lequel il s’est associé.

Et la rue c’était notre chemin, le jeudi, pour aller courir au Jardin des Tuileries. Nous passions devant la boutique des biscuits Olibet et j’espérais qu’on s’y arrête pour acheter des petits gâteaux que j’aimais bien.

Nous continuions, en flânant, sous les Arcades, sans risquer d’être renversés par une voiture.

Et nous voilà dans ce grand jardin où nous pouvions courir ou regarder les petits bateaux à voile voguer sur le bassin.

Certains dimanches, nous y retrouvions aussi nos cousins parisiens ou comme ici mon parrain et sa famille. J’étais la plus petite de la bande. Mais là comme nous étions cinq enfants, nous n’étions pas passés par les Arcades mais en traversant la Cour Carrée du Louvre.

Sources
Jacques HILLAIRET, « Dictionnaire historique des rues de Paris, tome 2 »