Mon premier article dans le cadre du #RDVAncestral, sous forme épistolaire dans laquelle je suis plus à l’aise que d’imaginer une rencontre.
Mon cher très lointain aïeul Raymond,
Je suis tout d’abord ravie de t’apprendre que tu es le seul de mes ancêtres à porter ce prénom. Mais je sais bien peu de choses sur ton ascendance. Heureusement grâce à ton contrat de mariage, à Paris, le 31 août 1684, avec Marguerite TROUILLARD, j’ai pu en découvrir un peu plus sur toi. Tu as trente deux ans, c’est donc vers 1652 que tu as vu le jour, sans doute près de Corn, dans le Lot, où ta mère, Marguerite de PECOUVI réside encore. Ton père dont j’ignore le métier est déjà décédé.

J’ai bien sûr cherché à en savoir plus sur ton village. J’ai bien localisé Corn, dans les Causses du Quercy, département du Lot, en Occitanie. « C’est un petit village où la pierre est omniprésente. Au pied d’une falaise et en bordure du Célé, le village de Corn est traversé par un petit ruisseau, sorti comme par enchantement d’une grotte, qui alimente un lavoir et sillonne le village dans un bruissement ravissant. Depuis la préhistoire, un lien étroit s’est tissé entre le calcaire et l’homme, avec des menhirs, dolmens, murets de pierre sèche, cazelles et gariottes. Cette symbiose unique a façonné le paysage et l’architecture rurale, conférant à ce territoire un caractère inégalé. Sur chaque versant, les châteaux de Goudou et de Roquefort nous rappellent les conflits seigneuriaux du Moyen Âge. » (1) Cette évocation de ton village m’a beaucoup plu.

Mais je n’ai trouvé aucune trace que ce village de Corn eut été un évêché, comme mentionné dans l’acte, et je n’arrive pas à localiser ce bourg et paroisse de « Pey » ou « Pez », qui en dépendrait. Par contre j’ai repéré sur la commune de Corn ou à proximité, deux hameaux qui m’ont bien intéressée, Pegouries et La Coste. J’ai l’intuition que ta mère, Marguerite de PECOUVI, pourrait bien s’appeler en fait Marguerite de PEGOURIE, étant tout simplement de ce hameau. Ce qui me conforte c’est que j’ai trouvé, sur Geneanet, le patronyme PEGOURIE à Corn et environ. Quant à ton nom composé VIALAS de la COSTE que je n’ai trouvé nulle part ailleurs, il viendrait bien de ce que tes ancêtres étaient des VIALAS, du hameau de La Coste. Je ne savais pas quelle variante retenir entre VIELAS, VIELLAS, VIALASE, VIALASSE…, variantes rencontrées tant dans les actes que par les signatures, pas toujours identiques de tes enfants. Mais je vais adopter VIALAS dans mon arbre car c’est uniquement, sous cette forme, que je l’ai vu aux alentours de Corn. Malheureusement je n’ai pas pu retrouver ton acte de naissance ni les actes de décès ou de mariage de tes parents et n’ai donc pas pu remonter plus haut car les archives de Corn ne démarrent qu’en 1784 et il n’y a pas de commune du Lot qui s’appelle Pey ou Pez.

Alors bien sûr, je me suis beaucoup interrogée sur les raisons qui t’ont poussé à quitter ton village pour monter à Paris. Le prénom biblique, Simon, de ton père m’a amenée à penser que vous pouviez être protestants. Le calvinisme s’était implanté au XVIe siècle dans le Haut-Quercy, entre autres à Figeac, ville proche de Corn. Mais au cours du XVIIe, la population protestante y a pratiquement disparu, minée par la pauvreté et par la répression royale. C’est en 1685, un an après ton mariage, que Louis XIV a révoqué l’Édit de Nantes. Peut-être as-tu quitté ta région où ta famille aurait été connue comme protestante, pour fuir la répression, sentant venir cette révocation ? Ou bien est-ce simplement la difficulté de trouver du travail dans ton village ou alentours qui t’a décidé à prendre la route ? Sur le contrat de mariage, tu es dit « tailleur » mais pas maître. Etait-ce le métier de ton père ou bien as-tu fait un apprentissage avant de quitter Corn à moins que tu sois monté à Paris en plusieurs étapes, te formant quelque part en chemin ou à l’arrivée ? Je me suis demandé aussi si tu étais parti seul ou avec des compagnons de route et si tu avais fait ce voyage de plus de 500 km, à pied, à cheval ou en diligence ? J’ai vu que c’est au XVIIᵉ siècle que la diligence a commencé à se généraliser, après qu’en 1672 ait été créée la ferme Générale des Postes.

« La première véritable organisation structurée de diligences est apparue sous le règne de Louis XIV grâce à l’instauration des messageries royales. Ces diligences, gérées par des compagnies privées, transportaient à la fois des voyageurs et du courrier, reliant les grandes villes de France. Les diligences suivaient des itinéraires fixes, établis pour relier les grandes villes européennes. Ces trajets étaient minutieusement organisés, avec des relais tous les 15 à 20 kilomètres pour changer les chevaux fatigués. Ce système, appelé poste aux chevaux, assurait un transport rapide et régulier. Les grandes routes pavées construites par les gouvernements et les administrations locales facilitaient les déplacements mais les trajets restaient longs et parfois éprouvants. » (2)
J’ai retrouvé cette carte qui indiquaient les routes et les relais, mais elle date de 1764, soit quatre-vingts ans après ton voyage. Mais avais-tu les moyens financiers d’emprunter une diligence et de payer l’hébergement à chaque relai ?
Beaucoup de mes ancêtres parisiens sont des provinciaux qui ont migré, de différentes régions, vers la capitale au XVIIIe et XIXe siècle mais tu es, à ce jour, le premier à t’être lancé dans cette aventure. Non seulement tu as quitté ta famille, ta région mais aussi ta langue d’oc et tu as dû apprendre la langue d’oïl. Je te trouve vraiment courageux d’avoir entrepris ce voyage. Je ne sais quand tu es arrivé à Paris et je n’y ai trouvé, à ce jour, personne de ta famille. Tes témoins de mariage sont des amis parisiens, un maître chirurgien, un brodeur et un danseur ordinaire du Roi.
Mais revenons à ton contrat de mariage avec Marguerite TROUILLARD, âgée de 19 ans, fille de Pierre et de Catherine DROUET, déjà rencontrés rue du Bac. Ton beau-père est maître tailleur et bourgeois de Paris et la famille demeure alors, rue Saint-Honoré, paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois. Tu résides à proximité, « Petit Hôtel de la Monnoye », dans la rue du même nom.

Marguerite est plutôt bien dotée avec « deux mil livres a scavoir dix huit cent livres en deniers comptant et deux cent livres en habits, linges et hardes a l’usage de lad(ite) future espouze. En outre lad(ite) future espouze est fille de m(aistr)e tailleur d’habits a Paris et apportera aud(it) futur espoux la franchise dud(it) mestier, promettant yceux sieur TROUILLARD et sa femme solidairement comme … faire passer led(it) VIALACE m(aistr)e tailleur d’habits a Paris incessamment et en faire les frais et desbourcer les deniers necessaires que lesd(its) partyes ont evaluez a la somme de trois cent livres de laquelle evaluation jointe a la dotte forment et composent ensemble la somme de deux mil trois cents livres dont seize cents livres demeureront propres a lad(ite) future espouze. » Je découvre que tu ne sais pas signer et ton futur beau-père non plus. Pour ce dernier qui était maître, je me suis demandé comment il pouvait prendre les commandes de ses clients, noter leurs mesures, sans savoir écrire. J’ignore si toi, tu as appris par la suite. Par contre, Marguerite et sa mère signent bien de même que Pierre TROUILLARD, frère de Marguerite.


Un petit mot est rajouté à la suite du contrat qui semble écrit de la main de ta future belle-mère mais qui n’est pas très clair. Je crois comprendre, mais sans certitude, qu’elle précise que la maîtrise de maître tailleur ne reviendra à sa fille et donc à toi qu’après le décès de son mari. Celui-ci décédera en janvier 1697. As-tu dû attendre jusqu’à cette date pour passer maître ?

Je ne sais pas où vous demeurez après votre mariage, car je n’ai trouvé aucun acte de naissance de vos enfants. Et malheureusement, je ne les découvrirai et ne saurai quand vous les avez mis au monde que lors de ton décès qui va survenir bien vite, à 48 ans. Tu laisses quatre orphelins de père, Catherine qui sera mon ancêtre est l’aînée, âgée de 14 ans, Marguerite a 12 ans, Louis 10 ans et le petit dernier, Pierre Nicolas n’en a que cinq. Je ne connais pas la date exacte de ton décès mais l’inventaire de tes biens a eu lieu le 6 novembre 1700 et vous habitiez alors rue Thibaut-aux-dés.

Cette ancienne rue, parallèle à la rue de la Monnaie, était complètement bâtie en 1230 et appelée au XVe siècle, Thibaut-Audet, Thibaut-Oudet et pratiquement Thibautaudé. Ce nom tire son origine soit de celui d’un habitant de cette rue, Thibaut ODET, trésorier d’Auvergne, en 1242, soit d’un joueur heureux de la même époque, dit Thibaut aux Dés. Elle est maintenant un tronçon de la rue des Bourdonnais.
L’inventaire m’a permis de visiter la maison dont vous êtes locataires. On entre d’abord « dans la chambre servant de cuisine et d’establi ». Cela paraît étonnant, mais il faut, à ton époque, entendre le mot chambre dans le sens de pièce. Quand il s’agit d’une chambre au sens où nous l’entendons, elle est précisée « à coucher », « où couche ». Laissant la description des ustensiles de cuisine, je me suis intéressée à la partie de la pièce où se trouvent « une armoire dont le bas fermant a deux volets et le haut a balustre de bois de chesne », « un corps de cabinet de bois de poirier noirci a deux volets garny de plusieurs petits tiroirs et d’un guichet par le milieu », « un grand establi de bois de chesne de sept pieds de long, sur cinq de large (soit environ 2,20 m x 1,5 m) sur deux traiteaux, une table ovale de bois de sapin ployante, quatre sieges ployant couverts de serge rouge, un escabeau et trois chaises de paile », « un miroir de quinze pouces de glace en quaré dans sa bordure de glace garnis de plaques de cuivre doré », « une tenture de tapisserie de Bergame de deux aulnes ». La grande table m’a d’abord laissé penser que c’était là, ton atelier de tailleur mais la proximité avec la cuisine me paraissait problématique quant à la diffusion des odeurs sur les tissus et vêtements que tu réalises. Mais comme tu n’as pas de boutique, elle te sert peut-être au moins à recevoir tes clients avec ce grand miroir que je n’ai pas trouvé par la suite.
La pièce suivante est ta chambre à coucher qui me parait bien confortable et agréable avec « une couche à hault piliers de bois à colonnes […], deux matelas de futaine et de laine […], un traversin rempli de plumes et deux couvertures de laine », deux petites tables, « une grande armoire de six pieds de hault avec quatre grands volets et deux tiroirs, le tout fermant à clef, cinq chaises basses de bois de noyer dont les fonds sont de tapisserie de … et les dossiers de tapisserie de point de Hongrie et six chaises a fond de paille garnies chacune d’un quareau de tapisserie de point de Hongrie remplis de plumes. » Une pièce de tapisserie de Roudel (?) façon point de Hongrie de quatre aunes, ainsi que quatre tableaux peints sur toile dont un de quatre pieds de long (environ 1,30m), dans leurs bordures de bois doré, représentant l’un un paysage et les autres des scènes religieuses, une estampe et douze petits tableaux de dévotion décorent les murs.
Je pense avoir découvert que ton atelier se trouve plutôt au second étage où l’on visite deux « chambres ». Dans la première au-dessus de la cuisine, il y a « un establi de bois de sapin de sept pieds de long sur un chassis de menuiserie, une couchette a bas piliers de chêne, avec une paillasse, un matelas, un traversin de coutil rempli de plumes, deux couvertures[…], une autre paillasse » et un miroir d’un pied de haut. Et dans la seconde, il n’y a pas de lit mais un « grand establi de bois de douze pieds de long (soit 3.84 m) sur deux traiteaux, un coffre quaré couvert de cuire noire fermant a clef sur son pied de bois de noyer, un autre coffre aussy quaré garni par devant de bandes de fer et d’une serrure fermant a clef, une armoire de bois de chesne de six pieds de hault fermant a deux grands volets, quatre planches composant la soupente. »

Je m’attendais à trouver ta garde-robe de maître tailleur bien fournie mais, ce n’est pas le cas, alors je prends le temps de transcrire tout ce que j’y ai trouvé : « un justaucorps et culotte de drap … garny de boutons de fil d’argent, une veste dont les parements de velours violet a petits boutons d’argent filé, trois culottes l’une de panne feuille morte, les deux autres de petite serge grise ; une doublure de justaucorps de serge grise, deux culottes l’une de damas noir l’autre de drap brun, un justaucorps de drap noir, quatre cravates de toile de baptiste garnies de dentelle, quinze paires de … manche dont quatre parées de dentelle, un manchon de peau de castor ». Le justaucorps a fait son apparition à la fin du XVIIe, il se porte sur la veste, anciennement appelé pourpoint, qui est un vêtement de dessous. Pas sûr que tu te reconnaisses ainsi habillé par l’IA. J’ai tenté d’y mettre la couleur de tes vêtements mais c’était encore pire…
À la suite de tes vêtements, sont mentionnés plusieurs petits paquets de morceaux d’étoffe, de drap, de camelot, de serge, de soie et plus surprenant de toile d’ortie. Sans doute des tissus pour ton métier. Tu n’as comme objets précieux, que « six cuillères, quatre fourchetes, une tasse en gondolle et une autre tasse ronde, le tout en argent ». Et tu ne possèdes aucun bien immobilier.
Viennent ensuite les papiers, d’une écriture difficile à déchiffrer. Hormis ton contrat de mariage, ce sont essentiellement des « billets » ou « mémoires », sans doute des quittances pour des travaux. Mais, à la fin de l’acte, j’ai crû comprendre que tu as dû intenter des procès à cinq personnes de haut rang, dont le sieur de Montmorency, chevalier, marquis de Châteaudun, sans doute pour des vêtements que tu leur a faits et qu’ils ne t’ont pas payés ou pour l’un, un prêt de quatre à cinq mille livres qu’il ne t’a pas rendu. Au total ce sont environ dix mille livres qui te sont dues ! L’acte se termine sur tes dettes qui m’apportent des renseignements intéressants. Je passe sur celles dues à trois procureurs, en lien avec les procès. S’ensuivent les sommes que tu dois à des marchands qui t’ont fourni des marchandises pour ton métier : marchands drapier, de dentelle d’or et d’argent, d’étoffe de soie, maître brodeur, fripier, boutonnier. J’apprends que vous avez une servante, domestique prénommée Marguerite mais dont je n’ai pu déchiffrer le nom et qu’il y a aussi un garçon tailleur qui n’est pas nommé et qui travaille avec toi. À tous deux, des gages n’ont pas été réglés. Je découvre que tu as été aussi acheter des fournitures à Pacy, sans doute Pacy-sur-Eure, et que tu aies en dette de quarante livres envers le pâtissier cabaretier, à l’Image Notre-Dame, qui t’a loué une chambre, le temps que tu y étais. Mais tu es tombé malade chez lui et il t’a prêté un matelas, mentionné plus haut dans l’inventaire, pour revenir à Paris. Par quel moyen de transport ? Il reste aussi à payer Pierre COSSARD, maître chirurgien qui t’a « penssé de la maladie dont tu es décédé depuis six mois jusqu’au jour du décès » et les « penssements et ordonnances qu’il a fourny ». Ça m’a plu de savoir que tu devais au « Sr PASSERON maistre ecrivain, trente six livres pour avoir montré a ecrire » à ton fils Louis « pendant une année à raison de trois livres par mois ». Tes deux filles, plus âgées, savent bien écrire, est-ce leur mère qui leur a appris ou bien avais-tu également payé un maître écrivain pour elles ? Voilà les signatures de tes quatre enfants devenus adultes.

Je découvre que c’est à ta belle-mère, Catherine DROUET, que sont dues les soixante deux livres pour les frais de ton enterrement. Mais la plus grosse dette est à l’égard de votre propriétaire Marguerite LEPRESTRE, veuve de Jean Philippe PATU, trésorier général du sceau. En effet, j’ai appris, par un autre acte, qu’elle avait fait apposé les scellés avant qu’ait lieu l’inventaire, car vous lui deviez onze cent quarante deux livres de loyers impayés. Le montant du loyer étant de deux cent cinquante livres par an, cela m’informe que vous étiez depuis plus de quatre ans dans cette maison. Marguerite, étant solidaire du bail qui vous avait été consenti, a dû s’engager à régler cette somme, répartie en cinq versements. Et ce n’est qu’une fois que tout sera payé qu’elle pourra quitter les lieux et emporter ses meubles. La signature de Marguerite s’est affirmée.

Le montant de toutes ces dettes étant important et beaucoup d’incertitudes demeurant certainement pour récupérer les sommes pour lesquelles tu avais dû intenter des procès, Marguerite, par acte notarié du 16 novembre 1700, renonce à ta succession et préfère se contenter de son douaire, prévu à votre contrat de mariage. Elle se retrouve donc seule pour élever vos quatre enfants, avec peu de biens. J’imagine combien ces difficultés financières auxquelles tu savais que ta femme devraient faire face, ont dû charger d’inquiétude et de tristesse, ces six mois qu’a duré ta maladie. Alors je voudrais, par cette lettre, te rassurer sur son avenir et sur celui de vos chers enfants.

Marguerite se remarie le 23 novembre 1701 avec Pierre BARDIN, maître tailleur, avec qui elle aura un fils, Jean en 1702. En 1711, elle mariera votre fille aînée, Catherine, mon ancêtre, avec Dominique BARRAU, également maître tailleur, fils de maître tailleur et qui a un parcours semblable au tien, car il est arrivé de Toulouse, peu avant son mariage auquel n’assistait, comme pour toi, personne de sa famille. Ta femme et tes enfants habitent alors rue de l’Arbre-Sec. En 1715, ta fille cadette, Marguerite, épousera Dominique PRISSACQ, barbier, perruquier, étuviste. Ton épouse survivra aussi à son second mari qui décède le 26 avril 1732. En 1736, c’est leur fils, Jean BARDIN, qui prendra pour femme, Marie Anne CAGNIARD, fille de tapissier. Vos deux fils, Louis et Pierre Nicolas, deviendront comme toi, maîtres tailleurs. J’imagine que cette nouvelle doit te réjouir même si tu sais que ce n’est pas toujours facile de se faire payer son travail.
Marguerite finira sa vie chez son fils Jean BARDIN, devenu avocat au Parlement et payeur des rentes. C’est en sa demeure, « au 3ème étage d’une maison dans l’enceinte de l’Hôtel de la Monnoye, Paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois, lui appartenant à cause de sa charge de Juge et garde de la Monnoye » qu’elle s’éteint, âgée de 75 ans. C’est donc tout près de là où tu habitais, lors de votre mariage, qu’a lieu son inventaire après décès, le 3 février 1740. Je ne pense pas qu’elle ait assisté au mariage de Pierre Nicolas avec Elisabeth BUREAU, dont j’ignore la date, car en 1742, lors du partage de sa succession, vos deux fils habitent dans la grande maison de leur sœur Catherine, rue de l’Arbre-Sec et semblent encore célibataires. Mais c’est sûr qu’elle n’était plus là pour assister à celui de Louis, avec Marie Madeleine Ambroise AMELIN, fille de Michel, peignier, tabletier, en 1744.
J’arrête ici ma longue missive en espérant que tu seras heureux de recevoir ainsi des nouvelles de ta femme et de tes enfants que la maladie t’a fait quitter beaucoup trop tôt. T’écrire m’a poussé à faire des recherches, à creuser les documents que j’avais et m’a permis ainsi de me rapprocher davantage de toi, par la pensée, alors que trois siècles nous séparent. J’aurai aimé en découvrir davantage sur tes origines cornicquoises et je serai ravie si je pouvais découvrir, un jour, le pays de ta jeunesse.
Ta très, très lointaine petite-fille,
Hélène

Sources
Le village de Corn, La Célotoise
(1) Corn, belle série de photos commentées de Yann LESELLIER
Les protestants dans le Quercy pendant les guerres de religion
(2) L‘histoire de la diligence, un moyen de transport révolutionnaire, Augustin REMOND
La révolution des transports et l’accélération de la France (1770-1870), Christophe SCUDENY
Jacques HILLAIRET, Dictionnaire historique des rues de Paris, tome 1, Les Editions de Minuit, 1963