Louis Joseph FRERET et Marie Anne Elisabeth HASLEY, Sosas 8 et 9

C’est par ce couple de mes ancêtres normands, mes arrière-grands-parents paternels, que je commence mon blog. C’est en découvrant leur photo que mon père m’a montrée, quelques mois avant son décès, que j’ai eu envie de me lancer dans la généalogie pour découvrir l’histoire qui se cachait derrière ces beaux visages.

Tous les deux ont passé toute leur vie aux Moitiers-en-Bauptois, petit village de la Manche, au coeur de l’actuel Parc régional des Marais du Cotentin et du Bessin. Il y avait à leur époque, 692 habitants.  Ils habitaient au village de la Chaussée, en bordure du marais.

Louis Joseph FRERET nait le 23 décembre 1838. Il est le fils de Louis Charles FRERET dit Clainville, hongreur et de Marie ROUY. Il est baptisé le 25 décembre, son parrain est Louis Joseph TRAVERS et sa marraine Jeanne TRAVERS. Tous deux sont dits cousin et cousine.

Il a un frère aîné, Jean Louis Edouard, né le 7 octobre 1834 et qui décède à l’armée, en 1855, d’une fièvre typhoïde. Sa soeur cadette, Marie Célestine, née le 18 décembre 1844 se marie avec Louis Charles Auguste ADAM, le 9 septembre 1875.

Marie Anne Elisabeth HASLEY voit le jour le 18 novembre 1841, au village de l’Eglise. Elle est la fille de Jean François HASLEY, tisserand et de Marie Sophie Désirée HALLEGATTE. Elle est baptisée le 20 novembre, son parrain est Jacques François HALLEGATTE, son grand-père et sa marraine, Anne Louise LACAUVE, sa grand-mère.

Elle a un seul frère, Bon Jean Jacques, né le 26 juillet 1846 et qui se marie avec Marie Augustine Victorine SEHIER, à Vindefontaine, le 20 novembre 1873.

Une période mouvementée

Pendant leur enfance, il y a une grave crise agricole en 1846 et 1847 qui laisse les populations rurales et ouvrières affaiblies et mécontentes. Face à l’insurrection parisienne, en février 1848, Louis-Philippe est contraint d’abdiquer, mettant fin à la monarchie de juillet. La seconde République est proclamée. Dès le 4 mars. le gouvernement provisoire institue le suffrage universel masculin.

C’est à Saint Sauveur-le-Vicomte, chef-lieu de canton dont dépend Les Moitiers-en-Bauptois, que, le 23 avril 1848, pour la première fois de leur vie, leurs pères ont pu aller voter pour élire l’Assemblée constituante de la seconde République.

En 1858, Louis Joseph est recensé et inscrit sur le « Tableau de recensement des hommes à faire partie de l’Armée territoriale en exécution des dispositions transitoires de la loi du 27 juillet 1872 » mais il est exempté, en raison de la mort de son frère au service.

Leur mariage

Louis Joseph et Marie Anne Elisabeth se marient le 14 novembre 1869. Il a 31 ans, elle en a 28. Un contrat de mariage est passé le 13 novembre, devant Me Alexis LEBLOND, notaire à Picauville.

« Le futur époux déclare qu’il possède et apporte en mariage le linge et les vêtements à son usage et divers meubles meublants le tout d’une valeur de deux cent cinquante francs. En considération du mariage projeté, Marie HALLEGATTE, agissant dans le ménage, veuve du sieur Jean HASLEY déclare faire donation entrevifs à charge de rapport en moins prenant à sa succession, à sa fille qui accepte expressément à ce titre des meubles et effets mobiliers ci-après estimés : un lit complet à cent cinquante francs, une armoire à cent francs, douze habillements complets de divers étoffes et couleurs à cent trente francs, douze tabliers à trente francs,  douze mouchoirs de cou à quarante francs, douze draps de lit à cent francs, douze toiles à oreiller à trente francs, trente six chemises à cent francs, douze essuie-mains à dix francs, dix-huit petits bonnets à trente francs, un schale à quatorze francs, une pelisse à quarante francs, six chaises  à seize francs, un rouet à six francs, un travouil et un dévidoir ensemble à quatre francs. »  À la lecture de la dot, on peut noter que la famille HASLEY paraît un peu plus aisée que la famille FRERET. On voit aussi que Marie Anne Elisabeth apporte avec elle, ses outils de fileuse (rouet, travouil et dévidoir).

Ils s’installent dans la maison de la Guenauderie, au hameau de La Chaussée que Louis Joseph a hérité de sa mère, Marie ROUY. La maison n’est pas bien grande. Dans un acte de vente en 1931, elle est décrite ainsi : « une maison d’habitation composée de cuisine, cellier à côté, jardin derrière et cour devant ». La cuisine que j’ai pu voir en 2003, invitée à y entrer par la personne âgée qui y vivait seule, est une grande pièce où il devait sûrement aussi y avoir au moins un lit pour profiter de la chaleur de la cheminée. L’acte ne mentionne pas de pièces à l’étage mais la présence de fenêtres laisse penser qu’il y en avait bien.

Une famille nombreuse

Ils vont y avoir huit enfants : Jean Louis Joseph, né le 27 septembre 1870 ; Jules Paul Albert, né le 16 novembre 1871 ; Maria née le 29 mai 1873 et décédée à 7 ans, le 18 novembre 1880 ; Louis Pierre Auguste, né le 20 décembre 1874 ; Désiré Armand Bernard, mon grand-père, né le 20 septembre 1876 ; Adolphe Louis Léonord Célestin, né le 13 janvier 1879 ; un enfant mort-né le 17 mars 1882 et Marie Augustine, née le 17 juillet 1883.

Peu de revenus

Leur famille est nombreuse mais les ressources le sont sûrement beaucoup moins. Louis est cultivateur lors des actes de naissance de ses enfants mais plus tard, il est dit journalier. Mon père m’a appris qu’il était aussi hongreur comme son père. Il ne possède pas beaucoup de terres, comme on peut le voir sur le Livre des mutations de propriétés de la Commune des Moitiers.

Lors d’une mise au marais, il n’apparaît pas dans la liste des redevables qui payent une taxe par animal, ce qui veut dire qu’il n’a pas mis d’animaux à paître sur les marais communaux. Il n’en n’avait peut-être pas.

Je n’ai malheureusement pas relevé l’année mais sans doute dans les années 1880, « Le Conseil a dressé la liste des indigents à secourir en faisant connaître en même temps le nombre des membres de chaque famille. Et à faire connaître en outre ceux des indigents qui sont valides et les travaux d’intérêt local auxquels on pourrait utilement les employer au moyen d’une part de la subvention qui sera allouée à cette commune ». Louis Joseph et sa famille de 8 personnes font partie de la liste de même que son père, alors veuf. Louis Joseph n’est pas dit valide. Avait-il des problèmes de santé ?

Lors de la sécheresse de 1893, « Sur les crédits de 5 millions votés par le Parlement, il revient à la commune 64,95 francs et la répartition de cette somme est confiée au Conseil Municipal […] pour l’achat de semences, d’aliments, d’engrais et de bestiaux faits par les cultivateurs. » Mais l’indemnisation est faible, sans doute en fonction des surfaces cultivées ou du bétail. Plus de la moitié dont Louis ne touchent que 0,50 francs et la plus grosse indemnité est de 4 francs.

En 1895, il est inscrit, ainsi que sa femme, sur la liste nominative des personnes qui en cas de maladie, doivent être admises au traitement gratuit. Dans la délibération du Conseil Municipal, il est dit qu’il est maintenu, c’est donc qu’il y était déjà auparavant.

Sur le recensement de 1900, habitent dans leur maison, leur fils Louis et leur fille Maria, les autres enfants sont absents (déjà montés à Paris ou au service militaire) mais il y a deux petits enfants Jean et Eugène LEBRETON âgés de 6 et 3 ans, dits « nourrissons ». Sans doute, leur garde apportent un complément de revenus à la famille. Ce sont sans doute des enfants issus de cousins éloignés par les HASLEY.

Conseiller municipal pendant plusieurs mandats

Si un décret du 14 décembre 1789 organise les premières élections municipales, l’avancée démocratique ne dure pas et est balayée par l’Empire. Elles ne réapparaissent qu’en 1848 mais c’est la loi du 5 avril 1884 qui promulgue l’élection des conseillers municipaux au suffrage universel et l’élection des maires et des adjoints par les conseillers. Louis Joseph fait partie de ses premiers élus et le sera pendant plusieurs mandats, de 1884 à 1920.

Après la loi du 16 juin 1881, généralisant la gratuité des études à l’ensemble des écoles maternelles, primaires et des écoles normales formant les instituteurs, Jules Ferry fait voter, le 28 mars 1882, une loi instituant l’obligation scolaire de 6 à 13 ans et la laïcité des programmes. Dès 1884, le Conseil municipal institue la Commission scolaire pour surveiller et encourager la fréquentation scolaire. Louis Joseph y sera élu en 1892.

Quitter le village pour trouver du travail

Peu à peu, les garçons vont quitter les Moitiers-en-Bauptois. Le premier à partir en 1891, c’est Jules qui est garçon d’hôtel au Havre puis monte à Paris en 1899. En 1896, Désiré est domestique à Picauville puis en 1897 à Cherbourg. C’est en 1901 qu’il arrive à Paris. En 1905, Adolphe, le plus jeune, écrit à Désiré pour lui demander de lui trouver une place parce qu’au pays « il ny fait pas bon », sans doute plus une allusion à la situation de l’emploi qu’au climat. Il ne reste plus au village que Jean, l’aîné qui cultive sans doute le peu de terres de leurs parents.

Mais la famille reste très unie. En témoignent les nombreuses cartes postales envoyées aux enfants montés à Paris ou entre les frères, pour la nouvelle année, les fêtes et anniversaires ou dès fois une carte juste signée pour enrichir la collection de cartes postales de Désiré, mon grand-père.

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