D comme… DUCOURNAU

Avec cet article, je vous emmène à nouveau en Gironde, à Villenave d’Ornon, village qui jouxte Cadaujac. Il se trouve donc également au cœur des Graves que j’ai présentées ici. C’est le village dont est originaire l’ascendance patronymique de mon grand-père paternel, Albert DUCOURNAU.

Villenave-d’Ornon


L’origine du nom de Villenave est la traduction en gascon du mot français Villeneuve. Elle fût créée par le comte d’Ornon qui avait le siège de son château au lieu-dit « Ornon » sur la paroisse de Gradignan. Il existe encore des ruines visibles de cette forteresse.

Depuis le XIVe siècle, des petites seigneuries se sont créées sur la paroisse : Carbonnieux, Courréjean, Geneste, Beunon, Montplaisir, La Hé et Bois-Lalande (Sallegourde). Sept moulins apparaissent sur les bords de l’Eau Blanche et de l’Eau Bourde.

De nouveaux petits châteaux apparaissent aux XVIIe et XVIIIe siècles, entourés de vignobles : Canteloup, Madère, Barret, La grande Ferrade, Montgrand, La Monnaie, Trigant, Couhins, La Gravette, Lahontan, Terrefort, Guiteronde. Leurs nouveaux propriétaires sont issus de la bourgeoisie bordelaise.

Je me suis plus particulièrement intéressée au château de Couhins, car mes ancêtres DUCOURNAU, vignerons, sont dits dans les actes, demeurant à Couhins. Il est fort possible qu’ils aient travaillé sur les vignobles du château.

Le domaine du Château Couhins est issu de la réunification de deux vignobles du 18ème siècle. Tout d’abord le domaine du Pont de Langon, dont le propriétaire était Monsieur Gasqueton. Puis le domaine de la Gravette, appartenant à celle qui devint Madame Gasqueton. Quand les deux propriétaires se sont mariés, ils ont réuni leurs parcelles pour former un seul vignoble. Naquit donc le Château Couhins, prenant le nom de la localité sur laquelle s’étendait l’ensemble des vignes. C’est ainsi que la famille Gasqueton fit véritablement émerger le vignoble.

J’ai découvert avec grand intérêt l’actualité de ce vignoble. En 1968, l’Institut National de la Recherche Agronomique et de l’Environnement qui a un centre à Villenave-d’Ornon décida d’acheter le domaine qui se situait tout près, ayant saisi l’opportunité de faire l’acquisition d’un vignoble de taille humaine et de dépasser le stade du laboratoire. Château Couhins est un domaine viticole engagé dans une démarche agroécologique depuis 1999, certifié en agriculture biologique et collaborant avec des chercheurs INRAE pour développer des pratiques innovantes et durables. Cette vitrine technologique de l’appellation Pessac-Léognan est tout à fait compatible avec la très grande qualité. Le Château Couhins est un grand cru classé de Graves, dans les blancs.

Pierre dit Rouget DUCOURNEAU, sosa 96

Alors que le patronyme de mon grand-père et des trois générations qui le précèdent est écrit DUCOURNAU, pour les générations antérieures, l’écriture est plus souvent DUCOURNEAU que j’ai adoptée. Pierre est né le 7 septembre 1751 à Villenave d’Ornon, fils de Pierre, vigneron et de Catherine BATIFOULIE.

Son parrain est Pierre DUCOURNEAU, vigneron et sa marraine Pétronille BATIFOULIE. Cette dernière est sa tante maternelle et le parrain est peut-être le mari de celle-ci, fils d’un Pierre DUCOURNEAU que j’hésite à raccrocher à ma branche ? Mais ce n’est qu’une hypothèse car il y a aussi un autre Pierre DUCOURNEAU, son oncle paternel à moins que ce ne soit Pierre DUCOURNEAU, son grand-père… Vous êtes perdus ? Je l’ai longtemps été, cette famille m’ayant donné bien du fil à retordre. Heureusement que, grâce aux bénévoles des « Amitiés Généalogiques Bordelaises » que je remercie beaucoup, j’ai pu avoir des photos des contrats de mariage de cette lignée qui m’ont permis d’y voir un peu plus clair, dans ces nombreux Pierre, vignerons, qui ont vécu à la même époque.

Pierre dit Rouget épouse, le 6 mars 1776, à Cadaujac, Marguerite AUBAREDE, née à Martillac, le 26 juillet 1755, fille de Jean et d’Elizabeth MONTUZET. Auparavant, le 24 février, un contrat a été passé à Bordeaux. Les parents de Marguerite sont décédés, elle procède du consentement de son oncle paternel et curateur, Louis PICHARD, bouvier.

Marguerite se constitue une « dot provenant du chef de ses père et mère ».

Les parents de Marguerite ne signaient pas mais ils ont eu à cœur que leur fille sache lire et écrire, sa signature soignée en témoigne. Elle est la seule des deux parties à signer.

Le père de Pierre l’institue son héritier universel à charge pour lui de verser 200 livres de dot à sa sœur Catherine qu’il fait son héritière particulière, le jour où elle se mariera.

Sur son contrat de mariage, Pierre est dit vigneron journalier. À son décès, il est dit vigneron, travaillait-il sur le vignobles du Château Couhins comme « prix-faiteur » qui perçoit un salaire annuel déterminé par contrat contre la façon d’une certaine superficie de vigne ? A-t-il pu s’acheter, avec l’héritage de son père, une parcelle de vigne qu’il exploite en faire valoir ? C’est bien possible car son fils aîné Bernard, mon ancêtre, lui aussi vigneron est dit propriétaire, au mariage de sa fille en 1835 et à son décès.

Ils mettent au monde sept enfants, hormis Antoine, né en 1782 dont j’ai perdu la trace, leurs six autres enfants sont arrivés à l’âge adulte. Tous leurs garçons sont vignerons. Leurs belles-filles sont filles de vignerons, d’un tonnelier et d’un receveur des impositions. Et leurs gendres sont… vignerons. Pierre et Marguerite ont eu la joie d’assister à toutes les noces. Pierre décède le 11 décembre 1821, âgé de soixante dix ans, il aura eu le temps de voir naître dix de leurs quatorze petits enfants. Marguerite qui a vécu jusqu’à quatre-vint trois ans, les a tous connus et a même eu le bonheur de connaître quatre arrière-petits-enfants ! Sa vie s’achève le 16 janvier 1839. Ils ont vécu toute leur vie commune au hameau de CouhinsPierre est né.

Pierre DUCOURNEAU, sosa 192

Pierre est le fils d’Arnaud et de Andrée ROUBIN. Âgé de soixante-dix ans à son décès, le 25 août 1788, il serait né vers 1718. Il se marie, par contrat passé, à Bordeaux, le 10 décembre 1743, avec Catherine BATIFOULIE, fille de Barthélémy et de sa première femme, Marguerite RENON.

Barthélémy BATIFOULIE a constitué en dot à sa fille « trente livres d’argent qu’il promet et s’oblige à payer dans le delay de trois ans à compter de ce jour sans interet pendant le susdit delay, plus un coffre de noyer, six linceuls ou draps de lit, six serviettes, un rateau et une marette (?) lesd. effects de la valeur de quarante cinq livres. »

Pierre apporte en mariage « un lit consistant en chalis bois de fayard foncé haut et bas, paillage, coete, coussin, couverture de laine blanche garny autour de toile rayée, quatre linceuls ou draps de lit, les effects de la valeur de quarante cinq livres dont led. futur epoux et la future epouse se serviront pendant qu’ils vivront avec lad. ROUBIN mère avec laquelle ils doivent aller demeurer et s’ils viennent a la quitter led. futur epoux ne pourra prétendre lesd. effects qu’après la mort de lad. ROUBIN. » On ressent vraiment le souhait de sa mère qu’ils s’installent chez elle pour l’accompagner dans ses vieux jours.

Pierre et Catherine ont au moins cinq enfants mais peut-être plus car les registres ne commencent que sept ans après leur mariage. Selon son âge de soixante ans à son décès, Catherine, l’aînée, serait née vers 1751 mais c’est sûrement avant, car c’est, cette année-là, que naît son frère cadet.

Après Pierre, né le 7 septembre 1751, ils auront trois garçons mais qui, hélas, auront une vie bien brève.

  • Arnaud naît le 18 mars 1755 et décède le 15 janvier 1760
  • Vincent voit le jour le 23 janvier 1758 et s’éteint le 13 septembre 1763
  • Vincent arrive au monde le 18 avril 1761 et le quitte si vite, le 7 juin 1763.

Mais Catherine, la maman, n’aura pas eu la douleur de voir mourir leurs deux petits derniers, car elle a perdu la vie le 29 décembre 1762. J’ai remarqué qu’en 1761-1762 et peut être 1763, il y a eu beaucoup plus, me semble-t-il de décès. Je n’ai pas trouvé d’épidémie qui aurait pu en être la cause. Quel poids de chagrins ont eu à porter, en si peu de temps, Pierre et leurs deux aînés, âgés de 11 et 12 ans ! Peut-être est-ce la raison pour laquelle, Catherine, la fille, ne s’est pas mariée et est restée proche de son frère cadet. C’est à Couhins, dans la maison de Pierre, qu’elle meurt le 27 janvier 1811. Heureusement, Pierre, comme on l’a vu ci-dessus, a eu une vie de famille beaucoup plus heureuse.

Pierre s’est remarié, le 5 février 1765, avec Jeanne DUBOS. Ensemble ils ont eu deux enfants.

  • Clément naît le 18 novembre 1768. Ne l’ayant pas retrouvé par la suite j’ai bien peur qu’il n’ait pas survécu non plus.
  • Jeanne vient au monde, le 16 octobre 1774, mais une nouvelle fois il faut affronter le chagrin de son décès, le 3 décembre 1777.

Ce tableau qui résume leur vie est bien triste à regarder.

Pierre décède, à son tour, le 26 août 1788, âgé de 70 ans. Je ne sais pas si sa seconde épouse lui a survécu où s’il a dû une nouvelle fois affronter le chagrin de la disparition d’un être cher.

Arnaud DUCOURNEAU, sosa 384

Je ne sais hélas que très peu de choses le concernant. J’ignore s’il est originaire de Villenave d’Ornon dont les registres sont très lacunaires avant 1750. Et je pense que son épouse, Andrée ROUBIN vient d’une autre commune car je n’ai pas croisé ce patronyme dans les registres de Villenave d’Ornon.

Tout ce que je sais de cette famille, c’est grâce aux témoins des deux mariages de leur fille, Elisabeth/Isabeau, dont j’ai les contrats de mariage.

Lors de son premier mariage, en 1727, avec Charles GAUDIN, ses deux parents sont présents ainsi qu’un Pierre DUCOURNEAU, cité en premier mais dont on ignore le lien familial, Marie ROUBIN, sans doute une tante maternelle, Pierre et autre Pierre DUCOURNEAU, ses frères.

Et lors de son remariage, en 1737, avec Barthélémy BATIFOULIE qui sera le beau-père de son frère Pierre que l’on a vu ci-dessus, on apprend que son père est décédé mais pas sa mère, qu’elle a un autre frère, Guillaume, que sont aussi présents Etienne DUCOURNEAU, son oncle et parrain, donc le frère d’Arnaud, Marie ROUBIN qui est bien sa tante et Elie DUCOURNAU, son cousin germain. Je n’ai malheureusement trouvé aucune information sur Guillaume, Etienne et Elie DUCOURNAU qui n’apparaissent que dans mon arbre.

Je fais l’hypothèse que son second frère Pierre, soit Pierre DUCOURNAU, vigneron, marié avec Marguerite MASSOT, qui est décédé avant le contrat de mariage de leur fils Pierre, vigneron, demeurant à Couhins, le 16 décembre 1752, avec Pétronille BATIFOULIE, fille de Barthélémy. Il y a un décalage d’une génération mais c’est tout à fait possible, ce Pierre serait un frère aîné et Pétronille serait une jeune sœur de Catherine qui se marie neuf ans après elle. Cela expliquerait que l’on retrouve tous ces Pierre, lors des mariages et naissances des uns et des autres.

Une visite aux Archives départementales de la Gironde me permettra peut-être, un jour, de confirmer cette hypothèse sur le patronyme de mon grand-père qui me tient à cœur.

Sources

Château Couhins, grand cru classé de Graves, l’apprenti sommelier

Villenave d’Ornon, Wikipedia

4 réflexions sur “D comme… DUCOURNAU

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