K comme… Kesaco un messier

Le terme « messier » vient de l’ancien français « mes » signifiant « moisson ». Les messiers, souvent par trois, étaient commis temporairement par les seigneurs locaux ou choisis par les habitants, pour surveiller les récoltes, notamment dans les vignes où le raisin était une cible de choix et les protéger des vols et des maraudeurs. Ils effectuaient des rondes, jour et nui, souvent armé d’une hallebarde.

À Belleville

Un acte renseigne sur les modalités d’élection de trois messiers. Simon CHAUDRON l’a été l’année précédente et il participe au vote. « Du dimanche 20 juin 1700 issue des vêpres dites et chantées en l’église de St-Jean-Baptiste de Belleville-sur-Sablon, annexe de St-Merri de Paris, en conséquence de la publication faite aujourd’hui et apr. le son de la cloche de la manière accoutumée par-devant nous, greffier de la prevôté ddt Belleville, ont comparu la plus grande et saine partie des habitants ddt lieu pour être messiers et gardes des vignes, grains, fruits et légumes, prés et sainfoins du territoire ddt Belleville pour la présente année seulement à laquelle l’élection a été procédée à la pluralité des voix ainsi qu’il s’en suit : ». (1)

Cinq vignerons ont participé au vote, en proposant des candidats. Trois ont proposé trois noms, un huit et un, marguillier, onze.

« Ce fait et ap. qu’il ne se soit présenté aucun autre habitant pour donner sa voix à ldte élection et que le calcul a été fait des voix, se sont trouvées les plus hautes en voix les personnes désignées : Jean Poisson, Simon Couteux et Olivier Crochu […]. Ldts Simon Bardou et Luc Rouveau, marguillers avec nous ont signé les présentes le jour et l’an ci-dessus ».

L’année précédente, le 26 septembre 1699, les habitants s’étaient assemblés entre eux, pour notamment, « faire défenses à tous les habitants ddt Belleville et à toutes les autres personnes, de quelques qualités ou conditions qu’elles soient de vendanger, ni cueillir aucun raisin dans les vignes à peine de confiscation d’iceux paniers, hottes, chevaux et bestiaux qui se trouveront chargés de vendanges et raisins, et de 10 livres d’amende contre chacun des contrevenants ». Le vol dans les vignes devait être un fléau pour les vignerons et ces ordonnances voulaient avoir un effet dissuasif. (1)

À Saint-Désert

J’ai retrouvé cette présence des messiers. « A chaque tenue des jours, les habitants nommaient les messiers. » (2) Je n’ai pas retrouvé à quelle date correspondait cette « tenue des jours ».

Une charge bien risquée

Le 9 septembre 1693, « Nicolas Rousseau, jardinier revenant de la ville de Paris accompagné […] de Jean Couteux le jeune, son compagnon messier, étant proches de la ferme de Savy, ils aperçoivent 2 particuliers qui cueillaient des bouquets dans un champ proche de la ruelle de la Mare, dans une vigne au canton des Mussardes […] puis entrèrent dans plusieurs vignes et se baissèrent comme pour […] cueillir des raisins ce qui obligea le déposant et ldt Couteux […] de s’y transporter […]. Ils leur disent gentiment de ne pas manger de raisin mais ldt particulier ayant un chapeau bordé insista […] disant qu’il veut
manger et vous ne m’en empêcherez pas […]. Ldt Couteux désarme le particulier qui n’avait pas de chapeau bordé et Laurent Couteux l’emmène en prison. L’autre particulier s’enfuit […] par le bas des vignes […] poursuivi par ldt Couteux […] avec son bâton ferré en sa main […] le fils de Louis Boucault étant arrivé […]. Le particulier au chapeau bordé est cerné
par le fils Boucault et Couteux et dit alors au fils Boucault « Si tu avances je te tue » et restant […] poussa son épée au travers du corps ddt Jean Couteux, lequel tomba à terre, disant je suis mort »
. (1) Jean COUTEUX décède effectivement d’un coup épée. Revenant de Paris, ils ne devaient pas avoir avec eux leur hallebarde dissuasive. Quelle violence pour simplement des grappes de raisin !

Je n’ai pas trouvé le dépôt de la plainte à la cote indiquée, mais la tutelle concernant ses enfants. Malheureusement après avoir lu attentivement cet acte, j’ai oublié de le photographier… Je ne me souviens plus du nom de son épouse. J’ai juste retenu qu’ils avaient trois enfants mineurs dont Denis COUTEUX, sans parenté précisée, était nommé tuteur. Jean COUTEUX est mentionné sur deux arbres Geneanet, comme étant Jean le Jeune fils de Jean l’Ancien mais avec une grosse incohérence car celui-ci aurait été témoin au mariage de sa sœur en 1699 ! J’ai trouvé un autre Jean, fils de Jean mais qui décède après 1700. Il ne me reste plus qu’à retourner aux Archives Nationales pour tenter de lui rendre hommage en retrouvant sa famille.

Nous retrouverons les messiers dans un autre article.

Sources

(1) « Le temps des Maraîchers Franciliens de François 1er à nos jours », par Françoise BUSSEREAU-PLUNIAN, Editions L’Harmattan

(2) « Notice historique sur Saint-Désert et ses hameaux », par E. DEMAIZIERE

2 réflexions sur “K comme… Kesaco un messier

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