Quand le commerce du vin nous ouvre sur le monde avec des ancêtres girondin et parisien qui n’ont pas craint de traverser l’Atlantique.
Dominique DUCOURNAU
Dominique est né le 20 février 1817, au village de Couhins à Villenave d’Ornon. Il est le fils de Bernard, vigneron et de Jeanne TEYCHENEY et petit-fils de Pierre dit Rouget dont j’ai parlé ici . On avai vu que Bernard est propriétaire ce qui n’était peut-être pas le cas de ses père et grand-père.
Dominique a une sœur aînée, Catherine, née en 1814 et qui se marie, le 7 juin 1835 avec Jean MALLEMOUCHE, tonnelier et une sœur cadette, Marguerite, née en 1820 et qui épouse, le 28 janvier 1845, François DESBYES, tonnelier.
Il se marie, le 26 mai 1845, à Gradignan avec Marie DUPUCH, née le 17 juin 1826, fille de Pierre, laboureur propriétaire et de Marie HAZERA. Sur son acte de mariage, il est également… tonnelier.

llEs donnent naissance à cinq enfants qui atteindront tous l’âge adulte. Encore une fois mes ancêtres manquent d’imagination pour choisir les prénoms !

Sur tous les actes de naissance de ses enfants, il est toujours tonnelier. C’est en 1879, au mariage de son fils aîné François, mon arrière-grand-père, qu’il est dit « propriétaire négociant » et à celui de son plus jeune fils, il est précisé « négociant en vin ».
Ma mère m’avait dit que c’était un petit propriétaire de vignobles. Il s’agit sans doute, en partie du moins, de ceux que mon arrière-grand-père a racheté à sa mère, en 1904. En avait-elle gardé l’usufruit après le décès de son mari, le 14 août 1902 ou bien ces propriétés lui étaient-elles revenus de l’héritage de ses parents ? Toujours est-il que la famille possédait bien des vignes. Est-ce la production de ces vignes, entre autres, qu’il exploitait et dont il faisait le négoce ?

François DUCOURNAU, fils aîné de Dominique
Ma mère m’a parlé, dès mon enfance, de son grand-père, François DUCOURNAU, fils aîné de Dominique qui est parti, à 15 ans, sur un voilier pour accompagner une cargaison de vin jusqu’au Pérou où se trouvait son oncle DUPUCH et que de là, il rejoignit Washington où il fit ses études dentaires puis retourna à Lima où il s’installa comme dentiste.
Dès que j’ai commencé mes recherches généalogiques, j’ai bien sûr eu envie d’en savoir plus sur la réalité de ce récit familial. Et j’ai bien retrouvé deux passeports, à son nom, pour le Pérou. L’un en 1861 où il a bien 15 ans, et l’autre en 1869 sur lequel il est dit dentiste. Et j’ai trouvé sur « El Correo del Peru », en 1871 qu’il avait pris la succession d’un cabinet créé en 1841, par E. DUPUCH.


J’ai essayé aussi de retrouver l’oncle DUPUCH, destinataire de cette cargaison de vin, en cherchant également dans les embarquements. J’ai bien trouvé un frère de Marie DUPUCH, parti en Amérique latine, mais à Valparaiso, donc au Chili.

Cependant tout correspond au niveau des dates. J’ai en effet un passeport, le 28 août 1838, au nom de Martin DUPUCH, bijoutier, âgé de 21 ans, natif de Gradignan. Il est donc né vers 1817 et Marie a bien un frère Martin, né le 15 août 1817. J’ai trouvé aussi le passeport, le 29 octobre 1860, de Eugène DUPUCH, employé de commerce pour un voyage de Bordeaux à Arequipa, au Pérou, où il est né. Âgé de 17 ans, il est donc né vers 1853. Alors Martin DUPUCH aurait-il, avant cette date, été de Valparaiso à Arequipa où il aurait donné naissance à Eugène puis de là à Lima ?

Je ne le saurai sans doute jamais mais ce n’est pas impossible. Je ne retrouve Martin que le 26 septembre 1874 à Paris, le jour de son mariage avec Marie Caroline FRILET de CHATEAUNEUF. Il a 50 ans et elle 35 et il est dit rentier. J’ai noté un détail intéressant sur l’acte, il est prénommé Eugène Martin, alors que ce premier prénom ne figure pas sur son acte de naissance. Le prénom Eugène n’étant pas courant, l’hypothèse qu’il ait donné son prénom d’usage à son fils renforce mon hypothèse, bien qu’il ne soit pas dit veuf d’un mariage au Pérou. Mais il a fort bien pu taire ses aventures passées…
La question qui demeure c’est : que voulait faire l’oncle DUPUCH de la cargaison de vin, confié à mon arrière-grand-père, par son père ? La consommer ou la revendre à Lima pour faire connaître les vins de Bordeaux ?
Et je me suis posée une question similaire quand j’ai découvert qu’un autre fils de Dominique, François N° 2, âgé de 18 ans, a eu un passeport, le 27 juillet 1874 pour aller en Angleterre. La filiation n’est pas indiquée mais cela correspond à sa naissance, le 22 juin 1856. Je ne lui ai pas trouvé d’acte de mariage. Sur le recensement de 1891, à Gradignan où il vit avec ses parents, il est dit négociant, comme son père. Je me suis demandé si celui-ci ne l’avait pas aussi envoyé en Angleterre avec une cargaison de vin.
On peut dire que Dominique DUCOURNAU a bien mis en pratique l’adage, « Les voyages forment la jeunesse » et sans doute avait-il aussi un bon sens du négoce, en profitant des débouchés maritimes qui ont toujours été le point fort de Bordeaux.
Jacques Laurent BOUTRON
On retrouve l’un des fils de Laurent BOUTRON, mon marchand de vin parisien. Il est né vers 1694, étant dit âgé d’environ neuf ans sur l’inventaire après décès de sa mère, Marie Barbe RAVAULT, le 11 mars 1704.
Je ne sais pas ce qu’il devient et ne le retrouve que simplement cité, sur l’inventaire après décès de son père. Il n’est pas là et c’est un substitut qui le représente. « Les parties constatent l’absence de Jacques Laurent BOUTRON ». On le retrouve mentionné, plus loin dans l’acte et l’on découvre que « par un écrit du 1er avril 1721, il a recognu devoir à Mademoiselle de BONNEVILLE, la somme de cent onze livres cinq sols, argent qu’elle lui a presté dans son besoin et maladie dont il a prié led. Sieur son père de la rembourcer ou a son ordre sur la succession de feue sa mere. »

Et plus loin dans l’acte, par acte notarié du 21/06/1724, le fondé de procuration de la Demoiselle de BONNEVILLE « a reconnu avoir reçu dud. Sieur BOUTRON père la somme de cent treize livres quatorze sols pour le contenu aud. billet et quarante neuf sols pour les frais, le tout en racquit dud Sieur BOUTRON fils dem(euran)t au Cap, Isle de Saint Domingue.«

Cette découverte m’a vraiment surprise. Qu’est-ce que Jacques Laurent était il parti faire sur l’Isle de Saint Domingue ? Son père étant marchand de vin, je me suis dit que lui aussi avait peut-être envoyé son fils, pour prospecter un nouveau marché à moins que celui-ci ne se soit lancé par lui-même dans l’aventure.

Dans l’inventaire après décès de son père, il est à nouveau mentionné pour » cinquante deux pièces qui sont factures et quittances données par Jacques Laurent BOUTRON des sommes qui lui ont été fournies par led. defunt son pere pour achats de marchandises et autres dépenses ». Est-ce que c’était pour acheter du vin à emporter à St Domingue ou pour en rapporter des marchandises ?
Je pense avoir trouvé ses scellés, le 30 décembre 1727, à la requête de Louise LECHAUDE, femme de Jacques BOUTRON, marchand de vin, rue d’Enfer et père de deux enfants dont malheureusement on ne sait pas l’âge. Ceux-ci sont cités comme héritiers présomptifs, représentés par un substitut, mais plus loin dans l’acte sans que cela soit mentionné qu’ils sont également les enfants de Louise LECHAUDE. Ses enfants sont-ils nés à St Domingue ? Je n’ai pas trouvé trace d’un contrat de mariage dans les papiers. J’ai quand même une incertitude qu’il s’agisse de lui car il est juste prénommé Jacques et je n’ai trouvé aucune mention de sa famille. Dans l’inventaire, il y a à nouveau le contenu d’une cave mais moins fournie que celle de Laurent BOUTRON. Et si j’ai bien compris, sa femme se laisse la possibilité de renoncer à sa succession. Si ces scellés sont bien les siennes, il n’a pas l’air d’avoir fait fortune à St Domingue.
Ce voyage au Pérou est inattendu !
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