X comme… X vignerons dont je n’ai pas parlé

Je voulais réunir, par ce Challenge « Autour du vin », tous mes vignerons et il m’a fallu faire des choix. Mais il n’y a pas de raison pour que certains n’y soient pas. Alors, mon article du jour sera un survol, de ceux dont je n’ai pas encore parlé pour qu’ils ne se sentent pas oubliés. Cet article m’a donné l’opportunité de creuser un peu les familles de ses ancêtres. Les lecteurs qui auront le courage d’aller jusqu’au bout découvriront une nouvelle région où j’ai sûrement au moins un vigneron

En Gironde

Barthélémy BATIFOULIE, sosa 386

Il est le fils de Martin BATIFOULIE et de Catherine BRUN mais j’ignore quand il est né, sans doute à Villenave d’Ornon. Il épouse en premières noces Marguerite RENON avec laquelle il aura quatre enfants. Après son décès, il se remarie avec Elisabeth DUCOURNEAU, fille d’Arnaud et Andrée ROUBIN qui sont par ailleurs mes ancêtres, par contrat, passé à Bordeaux, le 19 janvier 1737. Ils donnent naissance à deux enfants. À son remariage, comme aux mariages de ses enfants, il est dit vigneron. Hormis Martin qui est matelot, ses trois autres garçons et les conjoints de ses filles sont tous vignerons. Il est fort probable que son père l’était aussi. Tous ses enfants ont été dotés par contrat de mariage, passés à Bordeaux. Je descends de sa fille aînée, Catherine qui a épousé Pierre DUCOURNEAU.

Barthélémy est le seul de mes vignerons à avoir donné le prénom de Saint Vincent, patron des vignerons. Il l’a même donné deux fois, avec chacune de ses femmes.

Hélies CANTON, sosa 394

Je ne sais quand il est né, fils de Arnaud, vigneron et de Peyronne DUPUY. On connaît sa filiation par le mariage, à Léognan, de son frère, Pierre, vigneron, le 22 février 1716 avec Marie ROUSSELET. Mais je n’ai pas cet acte qui est en mairie mais pas en ligne aux AD.

Je ne sais pas non plus quand il épouse, avant 1726, Marie AUDEBERT dont j’ignore la filiation. J’ai découvert leurs filles aînées grâce à leurs contrats de mariage, passés le même jour, 21 novembre 1748, à Bordeaux. Les deux sœurs, Marguerite et Jeanne, mon ancêtre, épousent respectivement les deux frères, Bernard et Pierre TEYCHENEY, fils de Pierre et de Catherine CELLIER. Le père et ses deux fils sont vignerons, au hameau de Couhins, à Léognan.

Helies est alors déjà décédé mais son épouse est présente. Est témoin pour les deux couples, Anthoine DUBERNET, bourgeois de Bordeaux qui est jusqu’au jour du mariage, l’employeur de Marguerite, « fille de service », chez lui. Ce sont elles-mêmes, âgées d’environ vingt-deux et dix-huit-ans, qui en bonne partie apportent leur dot. Marguerite « s’est constitué en dot provenant de ses gains et economies la somme de quatre vingt livres que led. Sr DUBERNET lui a payée comptée […] faisant la dite somme de laquelle elle tient quitte le Sr DUBERNET ». En complément, sa mère « lui a donné et constitué en dot deux paires de linceuls de bourre evaluées à la somme de huit livres. » Et Jeanne « s’est constitué en dot la somme de vingt livres provenant de ses gains et economies et sa mere lui a donné et constitué en dot trente livres et deux paires de linceuls de lit évaluées a la valeur de huit livres. »

Ces contrats de mariage permettent de voir que la famille a peu de moyens. Les époux TEYCHENEY sont plus aisés. Les deux frères sont dotés exactement de la même façon, par leurs parents : « un lit concistant un chalit de bois de fayar haut et bas, paillasse, coette, traversin, couverture de laine blanche garny autour de vergame, un coffre de bois de noyer, deux paires de linceuls scavoir un de bourre et l’autre de brin, demi douzaine de serviettes ouvrées, un pot de fer avec sa couverture. En outre luy constitue en dot une portion de leurs biens egalle a leurs autres enfants apres leurs deces laquelle peut etre de la valeur de cinquante livres. » Il n’est pas dit qu’ils aient contribué, par eux-mêmes, à constituer leur dot.

Je ne sais malheureusement pas quand Helies est décédé mais c’est entre 1744 et 1748. Marie s’est donc retrouvée seule pour assumer les charges de la famille et on sent qu’elle a eu du mal à participer à la dot de ses filles. D’autant que Marguerite et Jeanne ne sont pas leurs seuls enfants, il y en a eu trois autres après. Je ne lui ai pas trouvé de remariage et ne sais pas quand, cette mère courage, quitte ce monde. Leur fille auront une vie un peu plus à l’aise. Leur fils Pierre est aussi vigneron comme son père, ainsi qu’il est dit sur les actes de naissance. J’ignore ce que sont devenues les deux benjamines.

Pierre DUPUCH, sosa 800

Pierre se trouve au sommet de ma branche DUPUCH. Je ne connais ni sa date de naissance ni même sa filiation. Je sais juste qu’il a un frère Jean. Tous les deux sont vignerons et se marient le même jour, 17 février 1688, à Léognan. Et les deux frères épousent deux sœurs, Marguerite et Jeanne GOUJON/GONION.

Marguerite semble l’aînée et sans doute Jean aussi, car je n’ai pas trouvé leurs naissances. Jeanne, mon ancêtre, épouse de Pierre est née le 24 mars 1671, à Gradignan, elle n’a donc que 17 ans à son mariage. Elles sont filles de Pierre GOUJON et de Marguerite CANTELOUP. Encore une maman qui a du élever seule quatre de leurs six enfants, car Pierre décède, à 37 ans, le 15 février 1677, cinq jours après la naissance du petit dernier. On comprend que marier ses filles aient pu apporter du soutien à Marguerite. Je reviendrai sur ce couple dans un #rameaucaché.

Les actes de Léognan, antérieurs à 1737, n’étant consultables qu’en Mairie, je n’ai trouvé que deux enfants pour Pierre et Jeanne que je ne connais que par leurs mariages.

Et heureusement j’ai le contrat de mariage, à Bordeaux, le 7 novembre 1733, de leur fils François, avec Marie VINEY. Ce sont mes ancêtres. C’est le seul acte qui m’a permis de savoir que Pierre est vigneron. Par contre son fils est menuisier et je ne sais quel est le métier de son gendre.

Pierre et Marie ont un peu de bien car « conjointement et par moytié luy constituent par preciput et avantage a leurs autres enfants la somme de cinq cent livres duquel … lesd. futurs epoux ne jouiront que du jour du décès desd. DUPUCH et GOUJON. » Je remarque sur cet acte qu’ils parlent de « leurs autres enfants », il va donc falloir que j’en déniche au moins un autre…

Jeanne décède à Léognan, le 2 février 1749, âgée de 77 ans, « après avoir vécu dans sa maladie ». Pierre a quitté ce monde avant, puisqu’elle est dite veuve.

Pierre VINEY, sosa 802

Je n’ai pas un grand chemin généalogique pour arriver à Pierre, mon dernier vigneron de Gironde, puisqu’il est le père de Marie que l’on vient de voir épouser François DUPUCH. Elle est dite fille des défunts Pierre VINEY, vivant vigneron et Jeanne LALANNE.

Je n’ai pas retrouvé leur mariage, avant 1717, année de naissance estimée de Marie, ni d’autres enfants de ce couple. Jeanne décède, à Gradignan, le 23 novembre 1720, âgée d’environ 39 ans donc née vers 1681. Pierre se remarie à une date inconnue avec Agathe HOSTENS. Je leur ai trouvé une fille Jeanne mais il doit y en avoir une autre parce que sur le contrat de mariage de Jeanne, le 4 janvier 1731, il y a la présence de Pierre DESSIGER (?) qui est son beau-frère. De plus Jeanne reçoit en dot la « tierce partie de la succession de son père » qui est donc décédé avant cette date. Grâce aux précieuses indications des liens de parenté des témoins aux contrats de mariage de Marie, Jeanne et leur cousine Agathe, j’ai pu reconstituer la famille. Je ne sais pas quel est le métier de Jean VINEY, frère de Pierre et ce dernier dit vigneron, au mariage de Marie est dit laboureur à celui de Jeanne. Quant aux époux de Jeanne et Agathe, ils sont tous les deux charpentiers de barriques.

En Saône et Loire

Jean Baptiste GARLOT, sosa 214

Sur l’acte de mariage de sa fille Marie, le 30 janvier 1887, avec Claude PINARD, à Saint-Désert, Jean Baptiste est décédé mais est dit « de son vivant vigneron« . Il s’est marié le 13 janvier 1744, à Saint-Désert, avec Anne DOUHAIRET, fille d’Isidore, présent. Jean Baptiste est fils de Jean Baptiste, également présent ainsi que Alphonse GARLOT, oncle de l’époux. Les professions ne sont pas mentionnées mais j’ai trouvé le mariage d’un Alphonse GARLOT, le 27 février 1715, à Buxy, avec Elisabeth LERME. L’époux est fils de Nicolas, vigneron à Buxy et de Claudine MUSSON. Il se pourrait fort bien qu’il s’agisse du tonton, témoin au mariage de Jean-Baptiste. Buxy est tout près de Saint-Désert. À creuser…

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Antoine CHARDON, sosas 834

Il est le père de Jeanne CHARDON, épouse d’André PELLETIER, tisserand dont je n’ai pas le mariage. Jeanne est née le 16 février 1681 à Moroges, fille d’Antoine,vigneron et de Philiberte BLONDEAU. J’ignore quand ils se sont mariés et ne leur connais, à ce jour, qu’un autre enfant, François, vigneron. Au mariage de ce dernier, le 14 février 1719 à Moroges, avec Fiacre DUSSEAU, Antoine est dit vigneron à Fissey.

Extrait de la Carte de Cassini

Antoine CHAUDRON est fils de Claude, meunier et d’Isidoire BERLAU et Philiberte BLONDEAU est la fille de Claude et de Claudine LATOUR. Ils se sont mariés à Montagny-lès-Buxy, le 27 février 1680 mais tous sont dits être de la paroisse Saint-Martin de Moroges. Je ne sais pas quel est le métier de Claude BLONDEAU qui est décédé au jour du mariage.

J’ai retrouvé cinq enfants pour Claude CHARDON et Isidoire BERLAU mais je n’ai pas eu le temps de chercher s’ils se sont mariés. Outre Antoine, il y a au moins un autre de ses fils, Jean qui est aussi vigneron.

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François CHARBONNIER, sosa 862

J’ai peu d’information sur ce vigneron de Saint-Désert que j’ai découvert au mariage de sa fille, Pierrette CHARBONNIER dont je descends. Elle a épousé, le 22 novembre 1718, Isidore DOUHAIRET, le premier vigneron dont j’ai raconté l’histoire.

J’apprends par cet acte que François CHARBONNIER est l’époux de Jeanne PARISE. J’ai donc essayé de voir s’ils avaient eu d’autres enfants. J’ai un doute sur la filiation de Louis, vigneron, qui n’est pas donnée à son mariage. Encore un papa qui s’est retrouvé avec de jeunes enfants à élever seul, après le décès de Jeanne, le 2 février 1700, à quarante-deux ans.

Jean et Charles PASQUELIN et Guillaume BARAULT sosas 1708, 854 et 1710

Je les ai réunis tous les trois parce qu’ils sont en lien et que ces vignerons ne sont pas de Saint-Désert mais de Givry.

Extrait de la Carte de Cassini – Gallica-BNF

Je ne sais pas pour l’instant quand est né Jean PASQUELIN ni quand il a épousé Pierrette GRILLOT. J’ai découvert ce couple au mariage de leur fils Charles, à Givry, le 28 mai 1677, avec Pierrette BARAULT, fille de Guillaume BARAULT et de Philiberte CHAMPION.

Les deux pères des époux sont décédés et étaient « de leur vivant vignerons« , Jean PASQUELIN, à Givry et Guillaume BARAULT à Saint-Désert.

Concernant Guillaume BARAULT, je n’ai trouvé qu’une seule autre fille, Marguerite, qui se marie une première fois en 1671, à Mercurey où elle se remarie en 1685. Guillaume décède entre 1671 et 1677 et Philiberte CHAMPION, son épouse, s’éteint entre 1677 et 1685.

Jean PASQUELIN et Pierrette GRILLOT ont eu cinq enfants dont j’ai trouvé les naissances à Givry. Mais la naissance de Charles m’a posé problème. À son mariage, il est dit âgé de vingt-trois ans, il serait donc né vers 1654 où je n’ai pas trouvé de naissance mais pour cette période, il y a des lacunes dans les registres. Mais par ailleurs, j’ai trouvé le 3 décembre 1650, le baptême « d’un fils » qui n’est pas prénommé. Cela arrive quand l’enfant meurt aussitôt mais ce n’est pas le cas. J’ai l’impression plutôt que le curé a été un peu impressionné par la noblesse du parrain qui se prénomme… Charles BENIGNE de THESUT, Conseiller au Parlement de Dijon et qu’il a oublié d’écrire que l’enfant est nommé Charles ! La marraine est demoiselle Anne MALLOUD, épouse de Edmé JULLIEN, lieutenant au bailliage de Chalon-sur-Saône. Bien du beau monde autour de cette naissance de mon Charles auquel j’attribue cette naissance.

Charles Bénigne de Thésut, seigneur de Ragi, Charreconduits, Vissey, Simard Bessendri, frère cadet de Jacques IV, fut conseiller au Parlement de Bourgogne le 27 janvier 1649, doyen de sa Cour. Il épousa en 1650 Louise Bouhier, fille d’Etienne Bouhier, seigneur de Lantenay, conseiller au même Parlement, et de Claude de Massot.

Je ne sais pas si les autres fils de Jean ont atteint l’âge adulte et sont aussi vignerons. Mais je reviendrai sur cette branche et son ascendance, car je découvre que les registres de baptêmes de Givry remontent jusqu’en 1539 ! Jean décède entre 1666 et 1671. Sa femme Pierrette GRILLOT a quitté ce monde le 20 novembre 1699. Elle est dite âgée de quatre-vingt-onze ans et serait donc née vers 1608 mais j’ai un gros doute car elle aurait eu sa dernière fille à 58 ans…. ou bien c’est cette fille, Claudine qui n’avait pas vingt-cinq ans à son décès en 1691…

En ce qui concerne Charles, il s’est installé vigneron à Saint-Désert où son beau-père Guillaume BARAULT, était vigneron, car c’est là que sont nés tous ses enfants. Pierrette son épouse, décède le 13 janvier 1697. J’ignore quand Charles s’éteint à son tout mais c’est avant 1712.

Dans le Loiret

Médard SAULNIER, sosa 7608

Je n’ai pas la certitude mais une forte intuition qu’il devait être vigneron, à Boësses. Médard s’est marié, je ne sais quand, avec Epiphane GEAULT. Ce sont les parents de mon ancêtre Eutrope SAULNIER, maître boulanger, rue de la Huchette à Paris. Celui-ci a un frère Jean, plusieurs fois témoin, qui est tantôt dit laboureur et tantôt vigneron à Boësses. Sur le contrat de mariage de son fils Abel, il y habite, est dit laboureur mais donne à son fils des pièces de vignes. J’ai trouvé deux autres mariages SAULNIER, à Boësses qui pourraient fort bien concerner des fils de Médard et Epiphane. Malheureusement ni la filiation ni le métier ne sont indiqués. Je leur ai attribué mais à confirmer.

Et je me dis que si Jean a des vignes, il est fort probable que son père en avait également. Je me suis donc intéressée à ce petit village, appelé dans les actes, « Boësse en Gastinais ».

Extrait de la Carte de Cassini – Geoportail

La commune de Boësses se trouve dans le quadrant nord du département du Loiret, en limite du département de Seine-et-Marne, dans la région agricole du Gâtinais riche. Boësses, dont le nom signifie « lieu planté de buis » est un ancien bourg de vignerons niché légèrement en hauteur, autrefois ceint de murs (dont la rue des Fossés qui enserre le village a conservé le tracé). La vigne occupait autrefois la majeure partie de ses coteaux bien exposés et produisait des vins de bonne qualité. Pour cette raison, les maisons du centre bourg possèdent toutes des caves voûtées très étendues qui ont servi à entreposer le vin, Boësses étant depuis l’Antiquité une terre de vignobles. Les nombreux lieux-dits commençant par « le climat de » désignent une parcelle de vigne : « climat des Gros », « climat des Ravières »… (1) Il y a donc de très fortes chances que Médard SAULNIER ait été vigneron, comme son fils Jean et sans doute aussi ses autres fils restés sur place.

J’avais parlé, dans un autre article, de l’arrêt du Parlement de Paris promulgué en 1577, interdisant aux marchands et cabaretiers parisiens de s’approvisionner en vin dans un rayon de moins de vingt lieues (environ 88 km) autour de la capitale. Et bien cet arrêt a été bénéfique pour les vignobles situés au-delà de cette limite, comme ceux du Loiret. Il a contribué à la renommée des vins d’Orléans, qui égalait celle des vins de Beaune à cette époque. Et Boësses, situé à 100 km de Paris et à 40 km d’Orléans a dû en profiter aussi.

En conclusion

Cet article sera susceptible de s’allonger avec les autres vignerons que je pourrai trouver, soit en remontant certaines ascendances, soit sur d’autres branches. Comme cela, tous mes vignerons se trouveront en bonne compagnie avec leurs collègues et nul ne sera oublié.

Sources

(1) Boësses, le village expose son riche patrimoine, La République du Centre

Une réflexion sur “X comme… X vignerons dont je n’ai pas parlé

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