J comme… rue du Jardinet

Au fil du temps

La rue du Jardinet est située quartier de la Monnaie dans le 6e arrondissement. Elle commençait jadis rue Mignon et finissait rue de l’Eperon. Elle prend le nom de rue du Jardinet  au XVIe siècle en raison de la proximité du jardin de l’ancien hôtel de Vendôme (démoli en 1441), qui était entre elle et la rue du Battoir.

Lors du percement, en 1866, du boulevard Saint-Germain, elle est amputée de sa plus grande partie méridionale. Actuellement, la rue résulte de la fusion de la partie restante de l’ancienne rue du Jardinet avec l’impasse conduisant à la Cour de Rohan.

Mes ancêtres qui y demeurèrent

Le 20 avril 1772, Claude Joseph MESLE et Marie Angélique ARNAUD demeurent rue du Jardinet, Paroisse Saint-Come, comme le mentionne l’inventaire après décès de François ARNAUD, père de Marie Angélique. Je ne sais pas à quel niveau de la rue ils ont habité ni quand ils y sont arrivés.

Rue du Jardinet, vue prise de la rue Hautefeuille. Paris (VIème arr.), 1865-1868. Photographie de Charles Marville (1813-1879). Paris, musée Carnavalet.

Claude Joseph MESLE naît, le 11 août 1720, à Besançon, dans le Doubs, où se sont mariés ses parents, Jean Baptiste et Catherine NONNOTTE dont il sera l’unique enfant.

Le 19 septembre 1792, l’Assemblée nationale vote une loi imposant à tout citoyen, domicilié à Paris, de se faire enregistrer auprès de la section dont relève son domicile, de déclarer les lieux de leur habitation, l’époque de leur arrivée à Paris, les divers changements de leur domicile à Paris, et leurs occupations journalières.

Collection générale des lois, proclamations, instructions, et autres actes du pouvoir exécutif. Tome 11 – Gallica

Dans les années qui suivent, différents décrets imposent périodiquement le retrait et le renouvellement des cartes de sûreté, notamment en 1793 et 1795. Grâce au relevé sur Geneanet de l’enregistrement des cartes de sûreté de 1793, j’ai appris que Claude Joseph est arrivé à Paris, 60 ans auparavant, donc en 1733, à l’âge de 13 ans. Lors de son enregistrement on lui a remis une carte de sûreté à son nom mentionnant au recto son identité et son domicile, et au verso les caractéristiques physiques de son signalement. Je ne l’ai bien sûr pas retrouvée, mais elle ressemblait à celle ci-dessous, numérisée sur Gallica. Le défaut de carte peut être puni de trois mois de prison, les fausses déclarations ou les fausses cartes de six mois.

Marie Angélique ARNAUD est née vers 1728, fille de François, négociant, natif de Marseille et de Marie Angélique VAUTRAIN. Elle est la seconde d’une fratrie de sept.

Ils se marient, le 1er octobre 1750, après avoir passé, le 24 septembre, un contrat de mariage, auquel une trentaine de témoins ont assisté, bien sûr beaucoup plus du côté de l’épouse.

Le couple n’aura qu’un seul fils, Jean Baptiste Marie Joseph, baptisé le 5 juillet 1751. Son parrain est son grand-père paternel et sa marraine, sa grand-mère maternelle.

Claude Joseph MESLE est commis aux consignations du Parlement, comme son père, comme Joseph et Claude MESLE, deux de ses oncles et comme François ARNAUD, son beau-frère. J’ai eu du mal à trouver en quoi consistait cette profession, si présente dans cette famille. Il y avait des offices pour les receveurs mais je n’ai rien trouvé concernant les commis, ni quel est leur travail respectif. Les explications ci-dessous sont extraites de l’introduction du document des Archives Nationales, pour la sous-série ZZ3 du Bureau des Consignations.

Le Bureau des consignations est une administration, qui ne vit le jour qu’à la fin du XVIe siècle. Les receveurs des consignations avaient été créés par l’édit de juin 1578 dans les juridictions seigneuriales et royales pour recueillir, à la place des greffiers, les deniers dont le dépôt en leurs mains avait été ordonné par la justice ou bien volontairement effectué par des particuliers. Le Bureau des consignations entretenait donc des rapports constants et étroits avec l’ensemble des cours habilitées à prononcer ces jugements. Les adjudicataires ou acquéreurs d’immeubles (maisons, offices ou droits assimilés à des immeubles) saisis réellement ou non, acquis en justice par décret forcé ou volontaire, par contrat d’abandonnement homologué ou par licitation, étaient tenus de verser aux receveurs de la juridiction concernée le prix de l’immeuble. Les sommes ainsi recueillies étaient « distribuées », c’est-à-dire réparties entre les créanciers opposant à la vente, d’après les sentences d’ordre et de distribution dans lesquelles était dressé l’état des créanciers à payer selon leur privilège ou leur hypothèque, et fixé le montant des sommes à verser à chacun d’eux. Dans l’un et l’autre cas, l’enchère pouvait s’avérer insuffisante pour couvrir la totalité des dettes contractées par la partie saisie, ce qui tournait au détriment des demandeurs les plus modestes, dont les réseaux d’influence et d’information étaient les moins efficaces. Après l’édit de février 1689 les receveurs des consignations ne subsistèrent plus que dans les juridictions royales.

Je suis allée découvrir cette rue où mes ancêtres ont vécu et, à l’angle de la rue de l’Eperon, ce curieux mur sculpté, encadrant une porte ancienne, m’a intriguée. Je me suis tout de suite demandé si mes ancêtres auraient pu m’expliquer ce qu’il signifiait.

Photographie d’Eugène Atget (1857-1927) – Musée Carnavalet

Mais je n’ai rien trouvé concernant son origine et cette photo d’Eugène Atget, prise au même endroit mais où la devanture d’une boutique cache ce mur, m’a fait douter. Cette sculpture est-elle ancienne, ce que peut laisser à penser la porte et la poutre au-dessus, mais n’étant plus au goût du jour a été recouverte, puis restaurée plus récemment ? Dans ce cas, il est possible que mes ancêtres l’aient vue ? Ou bien est-ce une création récente, postérieure à cette photo d’Atget ? Voilà une enquête à poursuivre…

Je ne sais pas combien de temps, Claude Joseph et Marie Angélique ont vécu dans cette petite rue, car ils ont déménagé plusieurs fois. On les retrouvera dans d’autres articles…

Sources

Jacques HILLAIRET, « Dictionnaire historique des rues de Paris, tome 1 »

Archives Nationales, Bureau des Consignations, série ZZ3

Un article très intéressant sur la rue avec des photos de Charles Marville – Rue du Jardinet, 1866,

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